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un indépendantiste écrit

Vigile 2016 réédité

 UN INDÉPENDANTISTE ÉCRIT

 

Textes  politiques   

 

 Une nouvelle stratégie

 samedi 2 janvier 2016

Quelles leçons peut-on tirer des dernières élections provinciales et fédérales ?

A propos des élections provinciales tenues le 7 avril 2014, on a vu comment l’idée du référendum a été utilisée par les libéraux pour nuire au Parti québécois. J’ai tenté d’expliquer   « comment les Québécois ont cru qu’ils étaient contre le référendum » ( 13 mai 2014).  Le Parti québécois va devoir faire une réflexion  sur la façon de présenter le référendum comme moyen d’accession à l’indépendance.  

Les élections fédérales du 19 octobre 2015 nous ont aussi appris un certain nombre de choses. A partir du moment où il était évident qu’après dix ans de pouvoir conservateur les Canadiens en avaient soupé de Steven Harper, il s’agissait de savoir qui prendrait le pouvoir : Tom Mulcair du NPD ou Justin Trudeau du PLC. Au départ, Trudeau avait une image de gaffeur désinvolte : on ne le voyait pas premier ministre du Canada. Le chef de l’opposition Mulcair partait avec une bonne longueur d’avance.

On connaît la suite. Trudeau a présenté un plan économique qui impliquait un déficit : cela correspondait au désir de la majorité des Canadiens et des Québécois. Mulcair a proposé d’aller vers le déficit zéro continuant la politique de Steven Harper et imitant celle du Parti libéral du Québec de Philippe Couillard.  Erreur fatale. C'est ainsi qu'on peut dire que la défaite de Mulcair est indirectement la défaire de Couillard.   Par ailleurs, Justin Trudeau s’est montré discipliné, a suivi un bon plan de match et a modifié totalement son image de politicien en culottes courtes qui gagne des combats de boxe ridicules. Et il a gagné. S’il y a une leçon à tirer de cette victoire improbable, c’est que la politique est imprévisible. Il faut être prêt et être sur la patinoire pour marquer des buts et gagner la partie. Et bénéficier d’une conjoncture favorable. Ces réflexions s’appliquent aux élections provinciales de 2018.

Si Philippe Couillard est si arrogant, c’est qu’il prévoit gagner facilement en 2018. Il prévoit refaire le coup du référendum. Il prévoit profiter encore une fois de la polarisation inévitable dans un débat qui met aux prises les tenants du Canada et les tenants d’un Québec indépendant.  Le débat pourrait porter  de nouveau sur les signes religieux ostensibles et l'intégration des immigrants.  Le PLQ, avec son vote quasi captif des anglophones, anglophiles (allophones et ex-immigrants) et francophones inconditionnels du Canada part avec  30 comtés en banque.  Il bénéficie de la division de l’opposition francophone en plusieurs partis politiques.

J’ai rencontré par hasard Maurice Giroux la veille du jour de l’an à la place Longueuil. Cet ancien journaliste de « La Presse » qui écrit des articles politiques sur le site mediasud.ca n'aime pas l'idée de faire de la stratégie ouverte élaborée longtemps d’avance et exprimée en public. Voici ce qu'il propose. 

Il s’agirait que le Québec province se donne une Constitution. Une constitution qui adopterait le mode de scrutin à deux tours comme en France pour que les élus aient 50% plus un des votes et non pas 35% comme actuellement. Le 17 décembre 2015, Maurice Giroux écrivait :

« Dimanche dernier en France, des milliers d’électeurs sont retournés voter une seconde fois lors des élections régionales, les dernières avant les élections générales de 2017. Ce faisant les électeurs français ont réussi à stopper la montée spectaculaire du Front National (FN) survenue lors du premier tour. Mme la chef du FN Marine Le Pen a été défaite dans sa propre région.

Ce miracle électoral a été possible en raison du mode de scrutin uninominal à deux tours qui existe en France depuis plusieurs années.
Par contraste, les électeurs québécois et canadiens sont enfermés dans un mode de scrutin uninominal à un tour issu du régime parlementaire britannique imposé lors de la constitution de 1867.

Ce mode de scrutin a été créé dans le but de favoriser outrageusement le bipartisme. Ce qui fait qu'un  peut être élu avec aussi peu que 35% des votes exprimés, loin de la majorité de 50% plus un. » (« Mode de scrutin : pourquoi pas un 2è tour ? », Maurice Giroux, mediasud.ca, 17 décembre 2015)

Le Parlement de Québec pourrait voter une Constitution du Québec qui établit le mode de scrutin à deux tours plut^to qu'une forme de proportionnelle. Ensuite, une Constitution qui fonde une république avec un régime présidentiel. Ce qui veut dire que le Parlement du Québec exprimant la volonté du peuple québécois rejetterait la monarchie et la reine d’Angleterre. Pour mobiliser le peuple québécois, deux facteurs doivent agir en même temps: une aspiration légitime vers l’indépendance accompagnée d’un rejet du Canada anglais, c’est la recette gagnante.

On l’a vu dans le cas de l’entente du lac Meech rejetée du revers de la main par le Canada anglais. Si Robert Bourassa avait agi en homme d’Etat au lieu de s’écraser, après l’échec de Meech, un référendum sur la souveraineté du Québec aurait été gagné facilement. Mais  cédant au chantage de la GRC-Trudeau quant à son orientation sexuelle, il s’est comporté en éteignoir au lieu de répondre aux aspirations du peuple québécois.

Le rejet de la monarchie et de la reine d’Angleterre par le Parlement de Québec dans sa Constitution provoquerait un tollé de protestation dans le Canada anglais susceptible de réveiller certains Québécois comme le rejet de Meech a fait perdre bien des illusions à des fédéralistes sincères. Cette conjoncture accompagnée d’un travail d’information sur l’indépendance comme veut le faire l’Institut de recherche sur l’indépendance soutenu par un travail de mobilisation de tous ceux qui se sentent personnellement impliqués dans l’avenir du Québec pourrait recréer une situation politique semblable aux lendemains de Meech. (Voir: Marc Chevrier: "La République du Québec et sa constitution" et Lire aussi un article d’André Binette avocat: "Aspects juridiques de la fondation de la République du Québec" www.bulletinhistoirepolitique.org/.../aspects-juridiques-de-la-fondation-de-la- republique-du-quebec/‎)

Devant la difficulté d’obtenir l’adhésion d’une majorité de Québécois au projet d’indépendance du Québec, Maurice Giroux devient astucieux.
Avec notre rejet de la monarchie et de la Reine d’Angleterre qui serait inscrit dans la Constitution du Québec, il souhaiterait une crise au Canada anglais où les rednecks et les conservateurs qui ont appuyé Steven Harper pendant dix ans et qui sont viscéralement attachés à l’Angleterre soient tellement dégoûtés des Québécois qu’ils nous jettent dehors de leur fausse Confédération et de leur constitution de 1982 de Pierre Elliot Trudeau imposée sans référendum et sans le consentement du Québec.
Rappelons-nous ce que disait Jacques Parizeau avant que Claude Morin n’impose l’étapisme : « Nous sommes entrés dans la confédération sans référendum, nous en sortirons sans référendum. » (« Comment se fera l’indépendance », Editions du Parti québécois, 1972, présentation de Robert Barberis, secrétaire à la rédaction des Editions du Parti québécois)
Pour alimenter la réflexion, lire :
La stratégie référendaire, un cul-de-sac | L’aut’journal
lautjournal.info/20151207/la-strategie-referendaire-un-cul-de-sac‎
La stratégie référendaire, un cul-de-sac. 2015/12/07 | Par René Boulanger et Maxime Laporte. 

J en suis pas d'accord avec ceux d’accord  qui exigent de connaître la question posée au référendum immédiatement  avec l’engagement de faire le référendum le plus rapidement possible après la victoire aux élections du Parti québécois.
Certains croient que cette position mènera le Parti québécois au pouvoir. Je les trouve bien présomptueux.  Je me demande si votre volontarisme constitue une stratégie politique valable. Pour certains, ce volontarisme est  la seule façon honorable de militer pour l’indépendance du Québec. Quiconque pense différemment sera l’objet de leurs foudres vengeresses.  René Boulanger et Maxime Laporte ne sont pas d’accord avec voeux et que je trouve leur analyse est judicieuse.
Sur les aspects légaux de la proposition de Maurice Giroux, certains disent que l’Assemblée nationale du Québec serait dans l’illégalité si elle se proclamait République et rejetait la monarchie et la reine d’Angleterre. Mais si le programme du Parti québécois était clair là-dessus et si le Parti québécois était élu au gouvernement, pourquoi ne pourrait-il pas appliquer son programme comme le peuple québécois lui en aurait donné le mandat ? Je suis au niveau politique et non pas au ni veau juridique.  Le gouvernement du Québec ne peut-il donc rien faire avant d’avoir gagné un maudit référendum ? Les disciples de Claude Morin qui soutenait que « sans référendum point de salut. » nous condamnent à l'impuissance.
 

 

  Commentaires

  • Peter Benoit, 3 janvier
    Regardons les forces qui seront en présence en 2018 :
    Le gouvernement fédéral est libéral de même que notre gouvernement provincial, ceux de nos voisins immédiats (Ontario, Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve) et notre métropole avec la mairie de Montréal et plusieurs autres villes importantes du Québec.
    La quasi-totalité des mandarins et des dirigeants de la fonction publique québécoise et ses sociétés d’état ont été nommés par les Libéraux ; un des seuls vestiges, Nicholas Girard, a été dégommé il y a quelques mois.
    Toutes les principales institutions financières québécoises sont dirigées par des Libéraux et on attend celui ou celle qui remplacera la très fédéraliste M. Leroux chez Desjardins. La très grande majorité des médias sont contrôlés par des fédéralistes. La majorité des entreprises au Québec sont dirigées par des fédéralistes.
    Les organisations syndicales et communautaires sont beaucoup plus discrètes. Plusieurs organismes environnementaux sont assez détachées du mouvement indépendantiste.
    L’Opposition est morcelée entre le PQ, la CAQ et QS.
    Ce portrait est très différent de 1994 ou 1998. Uniquement prendre le pouvoir en 2018 constituera un exploit dans ce qui sera sûrement l’élection la plus sale de l’histoire récente ; les Libéraux prendront tous les moyens pour gagner, sans compter une orgie de dépenses fédérales en 2017-2018 et d’investissements en infrastructures par Couillard & Cie.
    Toutefois, les régions sont malmenées, le chômage chez les jeunes en hausse, la croissance économique demeure faible et l’inflation en hausse (perte de pouvoir d’achat)
    Pour remporter l’élection, il faudra un plan économique solide et crédible afin de positionner le PQ comme le parti de l’économie et de la réussite.
    L’élection devra porter uniquement sur la gouvernance provinciale : Toute référence à l’indépendance devra être dirigée vers l’Institut sur l’indépendance et l’échéancier référendaire sera précisée dans la première année du mandat après avoir consulté la Cour Suprême. Ceci est important afin que l’élection ne porte que sur le bilan désastreux du gouvernement Couillard. Si les Libéraux déblatèrent sur le "séparatisme" durant la campagne électorale, ils seront les seuls à le faire et cela réduira leur capacité de mobilisation.
    Voici ce que je propose :
    1) Une fois le PQ élu, il faut nettoyer les écuries d’Augias et décrotter tous les apparatchiks libéraux de la fonction publique et des sociétés d’état ; cela va prendre un certain temps, possiblement 18 mois. Ceci est absolument nécessaire et important AVANT de débuter la démarche référendaire ;
    2) Une fois le nettoyage assez avancé, il faut lancer plusieurs enquêtes publiques sur le Régime libéral afin de les neutraliser davantage durant l’éventuelle campagne référendaire. Imaginez les Libéraux embourbés dans les scandales et les accusations pendant tout le mandat entre 2019 et 2022 ;
    3) Il faut réformer la loi sur les élections et empêcher les 100 000 canadiens de voter "non" comme en 1995. De plus, il faut s’arranger d’avoir des observateurs internationaux lors du prochain référendum pour empêcher des futurs "love-in" ;
    4) Obtenir l’avis de la Cour suprême pour signer une entente à l’Édimbourg - version québécoise - serait souhaitable, mais très improbable. Il serait intéressant de connaître ce qu’est finalement une question et une majorité claires. Ce délai avec la Cour suprême permet au PQ de compléter le nettoyage de la fonction publique et d’avancer les enquêtes publiques.
    Par ailleurs, l’institut sur l’indépendance met à jour des études internationales sur les référendums (question, majorité, etc.) afin de neutraliser un potentiel avis bidon de la Cour suprême ;
    5) À la réception de l’avis de la Cour suprême, le PQ dépose un projet de constitution québécoise qui prévoit une Chambre des Régions, spécifie les droits des anglophones et des Premières Nations, etc. ;
    6) Un référendum ou autre moyen est planifié vers 2021-2022 : Le PQ contrôle l’état québécois et ses principaux leviers, une croissance économique est en cours, les Libéraux provinciaux sont embourbés dans les scandales, le parlement fédéral est possiblement minoritaire après 4 ans de marasme économique, une Constitution québécoise moderne est approuvée, un climat de rejet - rupture règne puisque la Cour suprême a fourni un avis bidon et la loi électorale a été colmatée.
    Bref, on gagne à 55% de "OUI" !
  • Peter Benoit, 6 janvier 

 

  • La Constitution de Trudeau a été conçue pour qu’il ne soit plus possible de la modifier et la Charte des droits qui s’y rattache impose le multiculturalisme afin de minoriser davantage les Québécois.
    Au fil de l’application de cette Constitution de 1982, comme le prévoyait Trudeau, les zones grises se sont dissipées de sorte qu’il reste très peu, sinon pas de marge de manœuvre pour modifier quoi que ce soit. Ce n’est pas pour rien que le PLQ est devenu si ultra-fédéraliste : Ils respirent de confort puisque la Constitution a évacué toute discussion constitutionnelle sérieuse entre les provinces et la Loi sur la clarté veut empêcher tout changement venant de l’externe.
    Le PQ recueille plus ou moins 1/3 du vote populaire et se trouvera assez près du pouvoir en 2018. En 2018, la CAQ va s’annoncer comme le champion de la gouvernance "nationaliste" et je prédis que le PLQ va se rapprocher de la CAQ avec des mesurettes "nationalistes" en se proclamant aussi le champion de la défenses des intérêts du Québec.
    On va revenir au même point qu’en 1968 avec la naissance du PQ : celui-ci devra enfin expliquer pourquoi l’indépendance est nécessaire.
    Quant au Québec indépendant, il va progressivement se différencier du reste de l’Amérique anglo-saxonne. Les Québécois, du fait des conditions difficiles d’adaptation dans un climat rude et de peuple minoritaire souvent bafoué, sont devenus un peuple très créatif et innovateur ; le Québec innovait et le Canada volait et copiait. Une fois libéré de ses chaînes, il le deviendra davantage et pourrait ressembler à un pays scandinave.
  •  

RBG, 6 janvier  

  •  
  • Message à J. Binette
    Vous écrivez « qu’une élection référendaire pourrait faire l’affaire ».
    Et vous ajoutez :
    « Bien des gens pensent que les Québécois ne veulent pas entendre parler de référendum et bien, ne leur en parlons pas et parlons de l’indépendance, de ses avantages, de sa nécessité et des désavantages de la sujétion du Québec au Canada et non pas de la date possible, future ou incertaine d’un référendum. Insistons sur le fait qu’un vote pour les tenants de l’indépendance, est un vote pour le Oui à l’indépendance et un Non à une gestion provinciale. Une élection référendaire qui accroitrait notre rapport de force avec Ottawa en conscientisant les Québécois et les Québécoises. »
    Vous concluez :
    « Je crois que le pouvoir n’est pas à la portée du mouvement indépendantiste pour encore plusieurs années, à moins d’une crise genre Meech qui n’est pas prévisible. Mais en mettant haut et fort notre option et en indiquant aux gens qu’une fois élu, nous agirons pour mettre au monde le pays du Québec le plus rapidement possible, nos représentants et représentantes seront essentiellement des convaincus à la Bourgault ou Parizeau qui seront prêts à agir le moment venu (et non pas des tenants d’une gouvernance provincialiste). Et si des gens de cet acabit sont élus en majorité, nous serons mieux placés que jamais pour que le Québec devienne indépendant. »
    Je suis d’accord avec cette façon de voir sauf sur un point. Si vous parlez d’élection référendaire, vous faites encore penser  au référendum. Et vous donnerez l’occasion à des esprits confus d’imposer la notion du 50% plus un au résultat d’une élection. Or le 50% plus un ne s’applique qu’à un référendum.
    L’élection de 1962 a été déclenchée pour que le Parti libéral du Québec ait le mandat de nationaliser les compagnies privées d’électricité qui étaient aux mains des Anglais à leurs fins privées. Les Québécois se sont ainsi donné un formidable instrument économique d’action dans l’intérêt de la collectivité. C’est comme si cette élection était un référendum sur ce sujet. Seul Claude Morin nie cela mais il est de mauvaise foi, je le lui ai déjà écrit. On donne l’exemple de 1962 pour parler d’élection référendaire.
    Dans des discussions antérieures, on a convenu de ne pas parler d’élection référendaire mais plutôt de parler d’élection décisive ou d'élection décisionnelle.
    Une remarque en terminant. Certains disent que le référendum est le nec plus ultra de la démocratie. Rien ne serait plus démocratique qu’un référendum. Puis-je faire remarquer que dans les municipalités, il y a des projets intéressants qui sont présentés. Que font les grands démocrates que s’opposent à ces projets ? Ils proposent de faire un référendum pour tout bloquer. Et souvent ils réussissent à empêcher la réalisation d'un projet intéressant en disant que les taxes vont augmenter.
    Le pouvoir politique peut s’obtenir par une élection décisive. Lisez le commentaire de Louis Champagne. Est-ce que la constitution de Trudeau de 1982 a été soumise à un référendum ? Pourtant, elle s’applique. Les indépendantistes peuvent augmenter leur pouvoir politique en prenant la position suggérée par M. J. Binette.
    Il me semble que c’est la position prise actuellement par PKP.   
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  • RBG: mon beau-frère Louis Champagne suggère d’examiner ce qui s’est passé en Tchékoslovakie avec Pavlat Havel...
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  • Louis Champagne, 6 janvier
    Quelques précisions d’abord. Parlons  de la Tchécoslovaquie et de Vaclav Havel, président de ce pays devenu République fédérale tchèque et slovaque. Les Slovaques, pas plus que les Tchèques, n’ont jamais tenu de référendum sur l’indépendance de la Slovaquie ou de la République tchèque. Sous la présidence de Havel, des discussions ont eu lieu entre représentants tchèques et slovaques sur le partage des pouvoirs entre les deux parlements. Havel comprit que ces discussions aboutiraient à l’éclatement du pays. Effectivement, le parlement slovaque finit par adopter la déclaration d’indépendance de la nation slovaque. S’en suivirent la démission d’Havel et des négociations qui aboutirent à la division du pays. Il n’y eut pas de référendum là-dessus.
    Soulignons que la situation économique de la Tchécoslovaquie était un peu particulière, elle n’avait pas de dette. Les deux pays formaient des entités homogènes. Si le Québec se séparait, le Canada, comme le Pakistan autrefois, se retrouverait coupé en deux, avec le Québec au beau milieu !
    Rappelons de plus que cette histoire de référendum est une trouvaille du PQ, pas de ses adversaires. Ce serait une idée de Claude Morin. C’est l’Assemblée nationale qui a fait entrer le Québec dans le Canada, il n’y a pas eu de référendum. La Constitution de Trudeau ne porte pas la signature du Québec. Elle n’a pas été soumise par référendum à la population. Pire encore, les députés du Parlement fédéral qui l’ont approuvée n’avaient pas de mandat pour faire cela ; ni le texte, ni même les principes n’ont été soumis par quelque parti dans son programme électoral ou autrement à la population. Trouvez-moi par exemple le parti politique qui a soumis aux électeurs le principe d’une clause nonobstant. Je conviens toutefois qu’il sera difficile d’échapper au carcan référendaire puisque c’est le Québec qui se l’est imposé. J’ai déjà illustré comment nous pouvions limiter les incursions du Gouvernement fédéral dans ce processus. Les interventions du Gouvernement fédéral ne sont pas illégales même si elles sont contraires à la Loi québécoise. Mais il y a des moyens de les garder dans la légalité, j’ai déjà donné un exemple.
    Enfin, l’état de droit, cher aux cœurs des juristes, a été mis entre parenthèses pendant les négociations entre le Premier ministre du Canada et au moins le juge en chef de la Cour suprême du Canada (d’autres étaient vraisemblablement dans le coup) pendant un délibéré sur une question cruciale et dont le Premier ministre était une des parties. La Cour suprême aurait invalidé la décision de n’importe quel tribunal inférieur si un juge s’était comporté ainsi. Nous ne saurons jamais ce que Trudeau a dû donner à Laskin pour obtenir son jugement favorable, mais même s’il n’avait rien donné, le jugement de la Cour suprême est invalide à sa face même.
    Quand nait un pays ou un nouvel état, il y a toujours une phase d’illégalité, de rébellion, que les nouveaux occupants du pouvoir vont légitimer dans un premier temps, et légaliser ensuite. Ça s’est passé ainsi aux États-Unis en 1776, en France en 1789. Pourquoi ce qui est bon pour les Américains, les Français et même les Canadiens ne serait-il pas bon pour nous ?
     
  • Gaston Carmichael, 6 janvier 09h53
     
    « Nous ne sommes plus en 1995, nous avons reculé. Je crois que le pouvoir n’est pas à la portée du mouvement indépendantiste pour encore plusieurs années, à moins d’une crise genre Meech qui n’est pas prévisible. »
    Je fais pas mal la même lecture que vous du Québec d’aujourd’hui. Le climat socio-politique qui sévit présentement au Québec ne nous est tout simplement pas favorable. À moins d’un revirement majeur, cela ne regarde pas bien pour le PQ en 2018.
    Ceux qui tiennent mordicus à dégommer le PLQ en 2018 commencent à sérieusement considérer la CAQ comme l’alternative la plus susceptible de réaliser leur objectif. La récente défection de Stéphane Gobeil est un sérieux avertissement qu’il faut surtout ne pas prendre à la légère.
    Le PQ devra envoyer un signal clair et fort pour rallier les troupes. 
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  • Peter Benoit, 6 janvier 
    Avec Stéphane Gobeil qui a rejoint la CAQ, vous allez être certain d’entendre le chant de la gouvernance souverainiste à la sauce Legault : La gouvernance nationaliste !
    Couillard va le harceler pour savoir s’il va tenir un référendum lui aussi... Que va faire Legault ? Proposer le renouvellement du fédéralisme ? Comprenez bien que si le fédéral ne veut pas négocier, c’est qu’il n’y a pas de rapport de forces pour le faire bouger.
      
  • RBG, 7 janvier 
    Il va falloir une situation de crise pour que certains Québécois se réveillent et se disent :   « on veut telle chose et on ne peut pas l’avoir à cause de la constitution de Trudeau. Alors, rejetons la Constitution de Trudeau ». Cela a été le raisonnement d'André Drouin d'Hérouxville.
    La Charte des valeurs de Bernard Drainville-Pauline Marois, si elle avait été adoptée amendée par les propositions de la CAQ, aurait pu créer un situation de crise. Voyez l’interprétation (fausse) qu’en fait Justin Trudeau qui la met en relation à l’intolérance de Donald Trump à l’égard des musulmans.
  •  
  • Pierre Alain-Cotnoir s'adresse aux indépendantistes qui font du volontarisme, 7 janvier 

 

  • Je comprends votre militantisme et votre engagement. Toutefois, auprès de nombreux Québécois, il risque de tomber à plat. Quand près du tiers des électeurs s’intéressent à la chose politique comme moi au boulingrin, il y a comme un problème pour les intéresser aux enjeux de l’indépendance... et ce n’est pas faute de vouloir leur en parler, car il n’y a pas de pire sourd que celui qui ne veut rien entendre. En communication politique ce phénomène est bien connu et on lui a même consacré une expression : "la spirale du silence" (voir les travaux de Elisabeth Noelle-Neumann).
    Aussi faut-il que des événements extérieurs viennent marquer fortement l’actualité pour qu’ils portent intérêt à des enjeux politiques. Quels types d’événements ? Des crises qui les touchent profondément soit dans leur identité, dans leurs valeurs ou dans leur mode de vie.
    Par ailleurs, il y a d’autres d’électeurs qui demeurent férocement réfractaires à tout projet collectif, ce sont des libertariens farouchement individualistes, correspondant souvent à ces "angry young men" habitant les couronnes urbaines, aficionados des radios poubelles comme on en trouve passablement dans la grande région de Québec. Ils comptent pour de 12% à 14% de l’électorat
    Puis, il y a ceux qui s’identifient encore et toujours comme Canadiens ou Canadiens français composant tout de même le tiers de l’électorat francophone. Or la condition préalable pour vouloir se donner le Québec comme pays ne consiste-t-il pas à s’identifier d’abord comme Québécois ?
    Enfin parlons des non francophones (plus du cinquième de l’électorat) si 16% des allophones s’identifient comme Québécois lors de sondages, ce n’est le cas que pour 5% des anglophones.
    Alors je veux bien que vous preniez le bâton du pèlerin, fassiez du porte-à-porte comme un évangéliste, mais je suis loin d’être certain que vous allez convaincre ainsi une majorité substantielle d’électeurs à vous emboîter le pas. Qui plus est, ça fait plus de 50 ans que cette question est (de temps à autre me direz-vous) sur la sellette. Elle n’a rejoint des majorités que le temps d’une crise pour celui que durent les roses.
    Aussi je vous suggère fortement de prendre connaissance d’éléments factuels rassemblés dans un texte faisant une courte synthèse de plus de 25 ans de travaux d’analyse de l’opinion publique mené par le GROP et que vous pouvez trouver à l’adresse suivante :http://bit.ly/1UfYaVP
    On peut penser vaincre la gravité par la pensée magique, mais l’atterrissage risque néanmoins d’être brutal. Pour ma part, je préfère comprendre cette réalité que de vivre avec son déni.

 

  •  Sur la réforme du mode de scrutin

Le Canada anglais veut un référendum: pourtant sur la Constitution de Trudeau, il n'y a pas eu de référendum

 

mardi 12 janvier 2016

 Dans Le Devoir de samedi 9 janvier 2016, une « Revue de presse » de Guillaume Bourgault-Côté intitulée : « L’autre référendum ».

Pour changer le système actuel majoritaire uninominal à un tour qui est un engagement électoral de Justin Trudeau qui a dit que ce système ne s’appliquerait pas lors de la prochaine élection fédérale, les « penseurs » politiques du Canada anglais réclament un référendum.

En effet, Le Globe and Mail et Andrew Coyne (Postmedia) veulent un référendum sur la réforme du mode de scrutin.

« Le Globe plaide pour la tenue d’un référendum parce qu’un changement de cette importance — qui touche au coeur de la vie démocratique — doit être approuvé par les premiers concernés, soit les électeurs. On ne parle pas d’un petit élément législatif qui s’inscrit dans le cadre normal des décisions qu’un gouvernement prend, dit-on. »

(Rappelons qu’en 1982, la suggestion de Trudeau de faire un référendum n’était qu’une tactique (qui a réussie) pour couper le Québec des autres provinces.)

En 1982, quand Pierre-Elliot Trudeau a rapatrié la Constitution et diminué les pouvoirs du Québec (c’est pourquoi le gouvernement de Québec ne l’a pas signée), est-ce que le Canada anglais a réclamé un référendum ? La réponse est NON. Il s’agissait pourtant d’un changement d’une grande importance...pour les électeurs du Québec. C’était un changement qui touchait au coeur de la vie démocratique des Québécois et qui n’était pas un petit élément législatif qui s’inscrit dans le cadre normal des décisions qu’un gouvernement prend.

Il est vrai qu’en 1982, la Chambre des Communes n’avait pas encore voté ceci :

« That this House recognize that the Québécois form a nation within a united Canada. »"
and, in French, read :

« Que cette Chambre reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment une nation au sein d’un Canada uni. » (27 novembre 2006)

Comment peut-on prétendre que le Canada est uni quand le Québec qui représente les Québécois n’a pas signé la Constitution de ce pays !

Le Canada anglais applique un double standard à propos de la vie démocratique. C’est une attitude de colonisateur. Comme nous ne tenons pas à rester plus longtemps des colonisés, nous prônons l’indépendance du Québec.

Commentaires

  •  
  •  Peter Benoit, 13 janvier
      Il faut revenir à l’esprit de la Révolution tranquille :
    1) Expliquer, dévoiler, débattre, modifier et peaufiner le projet d’indépendance à tous les Québécois y compris ceux qui s’y opposent ; ces derniers feront sortir le méchant et aideront à améliorer l’argumentaire. Cela se fait avant, pendant et après les élections de 2018 ;
    2) Une fois élu, le PQ doit enfin présenter un projet de Constitution québécoise qui sera lui aussi débattu. Les Québécois doivent être consultés pour créer les consensus et améliorer le projet.
    Ce geste d’état est le plus fondamental qui soit et n’a jamais été fait. Tant qu’il n’aura pas été fait, les Québécois ne se sentiront partie prenante d’une véritable dynamique de pays ;
    3) Il faut nettoyer l’état québécois de la vermine libérale et ça va prendre du temps . Uniquement à l’élection de 2014, la DGE a dit en pleine campagne électorale qu’il se préparait déjà à l’impression des bulletins de vote du référendum...
    Il n’y a pas plus tard qu’hier, avez-vous le président d’Hydro-Québec aller défendre son ministre pour aller défendre l’indéfendable, soit le contrat de Trans-Canada qui coûte 150 M $ par année pour ne pas produire ?
    C’est inimaginable de laisser l’état québécois contrôlé à près de 100% par la vermine libérale AVANT de faire un référendum. Il faut que le PQ fasse une véritable action d’état qu’il n’a jamais effectué de façon sérieuse : Se débarrasser de plus de 2 500 apparatchiks libéraux et ça coûtera ce que ça coûtera. Vu les milliards que nous coûtent les Libéraux, payer 250 M$ pour se débarrasser de ces parasites sera le MEILLEUR investissement que les Québécois n’auront jamais effectué.
    4) Je solliciterais un avis de la Cour suprême sur la Loi sur la clarté ; celle-ci est possiblement anticonstitutionnelle. Imaginez si la CSC nous arrive avec un avis bidon du genre que ça prend les 2/3 des votes pour sortir du Canada, bref qu’un vote NON vaut deux fois plus qu’un OUI...
    La conjoncture sera parfaite : Le PQ demande l’avis en novembre 2018 pour que la CSC se prononce avant les élections fédérales. LA CSC n’aura pas le choix que de se prononcer rapidement car il y aura un immense vide politique... Si les experts du PQ jugent que l’avis de la CSC n’est pas nécessaire, so be it ! Ce n’est la pièce maîtresse de ce que je propose.
    5) La mobilisation est ce que j’entends souvent. Or, tant qu’il n’y aura pas un recul de la CAQ et de QS aux prochaines élections, il n’y aura aucun mouvement significatif de convergence. La CAQ et QS sont en progression dans le vote populaire et tant qu’il en sera ainsi, il n’y aura pas d’intentions réelles d’union. Ces partis se sentent "en croissance" devant un parti qu’ils jugent moribond et "en décroissance".
    Cela pourrait expliquer pourquoi plusieurs organisations souverainistes tournent en rond depuis 10 ans...
    6) Il faut repenser la stratégie référendaire et innover ; nous sommes en 2015, pas en 1995 et le monde a changé depuis. La démarche catalane avec une feuille de route claire me semble prometteuse et il faudra sans doute l’adapter au Québec.
    Pour moi, le référendum et votre gouvernance souverainiste sont les deux côtés d’un même médaille : Promettre un référendum pour ne pas prendre le pouvoir ou prendre le pouvoir pour ne pas promettre de référendum.
    Vu les étapes précédentes, c’est impossible de tenir un référendum GAGNANT avant 2021-2022. Proposer un référendum perdant est plus que suicidaire : C’est imbécile. Cessez de parler de peur de mollassonnerie, c’est le refus de s’assumer et d’adopter une démarche d’état qui explique le piétinement et le recul du mouvement indépendantiste.
    En 2012-2022, il faut que les Québécois votent sur du concret.
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