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un indépendantiste écrit

Sept textes critiques sur Richard Le Hir

Sept textes critiques sur Richard Le Hir

mercredi 05 décembre 2012

Déstabiliser Marois en passant par son mari Claude Blanchet

par Robert Barberis-Gervais

Voici la conclusion d’un article écrit par Richard Le Hir le 2 décembre 2012, publié sur la Tribune libre de Vigile et intitulé : "Après Daniel Breton, Pauline Marois elle-même" :

"Il faut donc s’attendre à ce que l’opposition fédéraliste au Québec (CAQ-PLQ-La Presse Gesca-Power-Desmarais-L’Idée fédérale-L’Institut d’études canadiennes et al.) tente de forcer rapidement le jeu, et la meilleure façon de le faire serait de s’en prendre directement à Pauline Marois. L’opération réalisée contre Daniel Breton n’aurait alors constitué qu’une pratique, une mise en appétit. Les chances sont donc élevées qu’elle se retrouve dans le collimateur de l’opposition dans un avenir rapproché, un scénario que j’avais d’ailleurs clairement évoqué dans deux articles parus sur Vigile il n’y a pas tout à fait un an, et que Vigile a retirés à la demande des avocats de Claude Blanchet." (Richard Le Hir)

Il s'agit surtout de l'article suivant:

LES « BIZARD-RERIES » DE CLAUDE BLANCHET (2) Les proximités dangereuses. Avons-nous le luxe de prendre un tel risque ? Tribune libre de Vigile, jeudi 12 janvier 2012

Texte mis en ligne sur Vigile le 12 janvier 2012, et retiré le 13 janvier 2012, à la suite d’une menace de mise en demeure pour diffamation, de la part de Me Stephan H. Trihey - Heenan Blaikie, procureurs de Claude Blanchet.

Pourquoi Richard Le Hir a-t-il voulu qu’on se réfère à cet article qui date de 10 mois ? Seulement à voir le sur-titre de l’article : LES « BIZARD-RERIES » DE CLAUDE BLANCHET, on peut en déduire que l’opposition fédéraliste va passer par Claude Blanchet, le conjoint, pour attaquer Pauline Marois. C’est ce que prévoyait l’ex-ministre dans sa boule de cristal. Il reprochait à Claude Blanchet des "proximités dangereuses" et certaines transactions immobilières sur l’île Bizard qui ont exigé du dézonage agricole comme partout ailleurs où il y eu du développement immobilier: la couronne Nord et la couronne Sud de Montréal ainsi qu'à Laval.

On se souvient qu’à cette époque, le leadership de Pauline Marois était menacé et que Vigile faisait partie de l’opération pour la limoger avec un commando de choc formé de Bernard Frappier, Pierre Cloutier et Richard Le Hir avec Bernard Landry et Gilles Duceppe en coulisse, ce dernier offrant ses services pour remplacer Pauline Marois. Car, "avons-nous le luxe de prendre un tel risque ?" demandait l’ex-ministre.

Pauline Marois est passée à travers la tempête et elle est première ministre du Québec à la tête d’un gouvernement minoritaire. La situation a dont changé.

Après l’affaire Breton, M. Le Hir nous avertit qu’on s’attaquera à Pauline Marois. On l’a peut-être oublié, mais il a annoncé avec sa boule de cristal que ce même genre d’attaque surviendrait pendant la dernière campagne électorale. Ça n’a pas eu lieu. Sa boule de cristal l'a trompé.

En janvier dernier, sa démarche visait à prévenir une attaque qui passerait par Claude Blanchet pour abattre Pauline Marois. Il défendait alors l’idée saugrenue de prendre les devants en attaquant lui-même Claude Blanchet à qui il reproche d’avoir des comportements erratiques en affaires. Ce qui rendrait sa conjointe femme politique vulnérable à cause des associations d’affaires de Claude Blanchet et des moyens qu’il a pris pour s’enrichir, moyens classiques dans le système capitaliste. Il y était beaucoup question de zonage agricole sur l’île Bizard comme si le zonage agricole était une vache sacrée. La logique de ce raisonnement, c’est que pour ne plus être vulnérable à cause de la carrière d'homme d'affaires de son mari, Pauline Marois devrait divorcer. C’est une preuve par l’absurde que le raisonnement est faux. Avec en prime un misérabilisme qui dit qu'une femme politique et en plus une indépendantiste n'a pas le droit d'être riche. Pour faire de la politique, il faudrait être pauvre!

Je le répète pour être sûr d’être bien compris, dans cet article du 4 janvier 2012 que Vigile a retiré, pour prévenir les coups (disait-il), M. Le Hir a fait ce qu’il prévoyait que les adversaires de Pauline Marois feraient bientôt c’est-à-dire l’attaquer en passant par Claude Blanchet qui aurait bien des choses à se reprocher ce avec quoi nous ne sommes pas d’accord et nous l’avons écrit et Vigile nous a publiés. C'était "Vigile dans la fosse...à purin" (7 janvier 2012). Attaquer Claude Blanchet, c’est donner des armes à l’adversaire, hier comme aujourd'hui et c’est nuire à Pauline Marois.

Hier comme aujourd’hui, nous désapprouvons donc ces attaques qui ont été faites contre Claude Blanchet et, d'avance, nous n'approuvons pas des attaques qui pourraient venir. Il va falloir beaucoup de contorsions pour nous faire croire que de continuer dans cette voie qui consiste à essayer de déstabiliser Pauline Marois en passant par son mari pourrait rendre service à Pauline Marois et à son gouvernement.

Robert

Barberis-Gervais

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L'opinion exprimée dans le cadre de cette chronique, est celle de son auteur
et ne reflète pas nécessairement l'opinion, ni n'engage le SORELTRACY MAGAZINE.
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vendredi 02 août 2013

En marge de l'essai: "Desmarais, la dépossession tranquille" de Richard Le Hir
Limites et dangers du concept de coupable par association

Par Robert Barberis-Gervais

L'auteur de "Desmarais: la dépossession tranquille" s'est bâti une statue sur le site web Vigile.net et, par tempérament, on peut avoir le goût de déboulonner les statues. Mais il faut résister à cette tentation qui renaît devant des affirmations répétées du genre: "Moi, je l'avais prévu"; "Moi, je vous l'avais dit"; "Moi, j'ai pris conscience de…". On doit quand même être juste et reconnaître l'intérêt et la valeur de cet essai et son effet stimulant. Car même les approximations et les projections hasardeuses dans l'avenir donnent à réfléchir.

Richard Le Hir est sorti de l'ombre comme président de l'Association des manufacturiers puis comme ministre responsable des études sur la souveraineté dans le gouvernement Parizeau dans le contexte du référendum de 1995. Cette dernière fonction ne lui a pas réussi. L'expérience a été, il le dit lui-même à Antoine Robitaille en octobre 2010 "énorme et difficile". Les études devaient informer et rassurer et elles ne l'ont pas fait. Certains disaient même qu'à chaque fois que le ministre apparaissait à la télévision, le camp du OUI perdait des votes. Il a quitté ses fonctions de ministre dans le désordre et, conséquence de son échec, il a gardé une certaine animosité à l'égard des souverainistes. Il n'aime pas qu'on y revienne mais il faut assumer son passé. Le fait est qu'il a attaqué le camp du OUI (voir "Pour en finir avec 1995", mai 2005, où il commet la faute grave de comparer Parizeau à Goebbels), qu'il a fait une profession de foi fédéraliste en 1998 devant les Amis de Cité libre, cet antre du fédéralisme trudeauiste, et qu'il a même offert ses services à Alliance Québec qui accusait le camp du OUI d'avoir annulé des votes dans les comtés anglophones, accusation qui a été rejetée par le juge Allan Gold. Rappelons-nous que suite au référendum de 1995, le juge Gold a été saisi d'une enquête pour déterminer si des votes ont été trafiqués. Bien qu'il soit juif et anglophone, cette responsabilité, dans un litige mettant en jeu des francophones québécois, lui a été offerte sur la base de son intégrité. L'accusation a été rejetée: il n'y avait pas eu plus de votes annulés que d'habitude. Ce qui permet de redire que la thèse du référendum volé soutenue par Robin Philpot tient toujours et que c'est une erreur de soutenir le contraire comme Richard Le Hir l'a fait dans une entrevue à Antoine Robitaille, du Devoir: "15 ans après le référendum toujours "rien de réglé" (30 octobre 2010). On peut lire: "Richard Le Hir refuse la thèse du référendum volé. Chaque côté a triché: "J'ai l'impression que ça s'est annulé." Le livre de 205 pages de Robin Philpot publié en septembre 2005 aux Intouchables ne rapporte pas "des impressions" mais des faits. C'est un autre exemple du manque de rigueur de l'ex-porte-parole des manufacturiers.

D'un point de vue indépendantiste, ce qui vient d'être résumé fait partie du passé trouble, controversé et, à mon avis, pas du tout glorieux de Richard Le Hir, passé dont on peut parler dans le cadre d'un exercice normal de la liberté d'expression puisque ce qui vient d'être évoqué est strictement exact et documenté et exprime une perception largement répandue dans les milieux indépendantistes informés. Ce passé autorise à se poser la question suivante: l'ex-avocat et ex-ministre était-il un joueur d'équipe? Ses critiques ne sont pas toutes futiles mais vient un moment où il faut choisir son camp et, sans renoncer à sa liberté de pensée, ne pas faire le jeu de l'adversaire en adoptant son point de vue entre autres sur "l'argent et les votes ethniques".

Depuis quelques années, l'ex-politicien qualifié par euphémisme de maladroit par maints observateurs, publie des textes qui ont de nombreux lecteurs sur le site web Vigile.net. C'est là qu'il a publié l'essentiel de son livre sur Paul Desmarais. Il est utile de savoir pour la connaissance du personnage que Vigile a été poursuivi pour diffamation par le promoteur immobilier Vincent Chiara suite à un article dont le titre donne le sujet de la poursuite: "Les tentacules de la mafia". Cette poursuite coûte cher en frais d'avocats et n'est pas encore réglée. Il est aussi utile de savoir qu'un des articles de Le Hir a dû être retiré de la Tribune libre de Vigile après une mise en demeure des avocats de Claude Blanchet, le mari de Pauline Marois. Le sujet de l'article: l'île Bizard, le dézonage agricole et autres aménités qui ont conduit à la construction du "château" récemment vendu. Ce dernier texte intitulé "Quo vadis Pauline? avait pour surtitre: "Les Bizard-reries de Claude Blanchet". Il est daté du 4 janvier 2012 a été retiré le 13 janvier 2012 par Bernard Frappier, le webmestre et fondateur de Vigile. Il reprenait des accusations déjà exprimées dans le journal The Gazette en les amplifiant. Le 21 janvier 2012, Daniel Breton adhérait au Parti québécois et renforçait le leadership de Pauline Marois. Depuis ce temps, les élections du 4 septembre 2012 ont eu lieu et Pauline Marois est première ministre. Aux dernières nouvelles, après ce parcours sinueux, il appuie malgré tout le Parti québécois même s'il ajoute, comment pourrait-il en être autrement, qu'il le fait "en se pinçant le nez". Parlant de Pauline Marois, son intervention rapide au lac Mégantic et son empathie pour les sinistrés lui ont valu l'éloge unanime des acteurs et des commentateurs politiques et un regain d'estime dans la population.

L'essentiel de la thèse (car c'en est une) du livre de Richard Le Hir est que Power Corporation et le milliardaire Paul Desmarais ne sont pas des bâtisseurs mais qu'ils sont des prédateurs. Il a répété plusieurs fois dans des entrevues faites à l'occasion de la sortie de son livre en avril 2012 que ces financiers sont des loups à qui on ne peut pas reprocher d'être des loups. Cette considération cynique sur Power qui convoite des proies est accompagnée d'une dénonciation des bergers qui devraient défendre l'intérêt public et qui ne le font pas. Car la stratégie principale de ces prédateurs consiste à se faire des alliés dans les gouvernements pour arriver à leurs fins en faveur de leurs intérêts privés au détriment de l'intérêt public. Car toute leur action consiste à se faire des relations pour réussir à réaliser leurs projets. Tout est dans le réseau. Pour percevoir ce monde de relations en une image fulgurante, il faut revoir le vidéo où Paul Desmarais reçoit à Sagard, Jean Charest, Lucien Bouchard et les grands de ce monde qui l'ont aidé à développer son empire ou qui vont l'aider à l'agrandir.


Ce monde de la haute finance a reçu un choc en 2008 et s'oriente maintenant vers des produits plus concrets comme le pétrole et le gaz de schiste. Il faut lire le livre de Richard Le Hir (et celui de Robin Philpot: "Derrière l'Etat Desmarais: Power", octobre 2008, Les Intouchables) pour entrevoir les tentacules de l'empire Power et les menaces qu'il fait peser sur les intérêts collectifs des Québécois sans oublier l'action de Power contre l'indépendance et pour le Canada "avec la puissance des sept quotidiens les plus importants du marché québécois" (publicité de Gesca) dont La Presse et Le Soleil. Pour attirer des annonceurs, Gesca affirme ceci:

"Des médias de masse pour un impact maximal
Que ce soit par l'imprimé ou en ligne, les médias d'information de Gesca vous permettent d'atteindre une clientèle recherchée et difficile à rejoindre partout au Québec. Cela vous assure un impact maximum auprès de 1.5 million de lecteurs des grands centres urbains du Québec chaque semaine et 2,5 millions de visiteurs uniques chaque mois."

Dans sa dénonciation de l'empire Power-Desmarais, Le Hir agit comme ce que les Anglais appellent un "whistle blower". Il nous avertit que Power, selon lui, a dans sa mire Hydro-Québec et le Mouvement Desjardins; il est en train de préparer la publication d'un autre livre sur la Caisse de dépôt et placement et Henri-Paul Rousseau.

Les mécanismes de l'analyse lehirienne s'appuient, par exemple, sur la présence d'un porte-parole de Power sur le conseil d'administration d'Hydro-Québec ou sur la possibilité de transformer les Caisses populaires en banques comme le permettrait une loi fédérale ou sur le fait que Monique Leroux, la présidente du mouvement Desjardins, a reçu une distinction d'un organisme fondé par Paul Desmarais. Cette méthode est dangereuse car elle est presque entièrement fondée sur les relations ou les rencontres entre acteurs économiques et conduit à ce que les Anglais appellent: "to jump to conclusions" ou, en français, "les procès d'intention". Par exemple, si Pauline Marois était présente à une réunion sociale où la femme de Paul Desmarais a été honorée ou décorée, elle est compromise pour toujours avec l'empire Power puisqu'elle fait partie du "réseau de relations" dont l'empire a besoin pour se développer. On voit bien les limites de ce genre de raisonnement. Richard Le Hir n'a pas le ridicule d'affirmer que si Pauline Marois a choisi le comté de Charlevoix, c'est pour être proche de Sagard mais il laisse publier des textes sur Vigile (où il exerce un pouvoir certain) qui répètent cette sottise. C'est un bon exemple où la liberté d'expression a le dos large car elle ne devrait pas permettre de publier n'importe quoi: la vérité et l'exactitude ont aussi leurs droits.

Après avoir mis en garde contre cette tendance à décrire des coupables par association sinon des associations de coupables qui est un danger inhérent à la méthode Le Hir, je tire deux conclusions personnelles de son essai.

Le hasard veut que je m'intéresse beaucoup à Louis-Ferdinand Céline ces temps-ci. Dans une entrevue qu'on peut retrouver sur YouTube, Céline fait l'éloge du chien à la tête d'une meute qui tire un traîneau au Groenland. C'est la plupart du temps une chienne. Or, la chienne est la seule à sentir qu'il y a, à cent mètres, une faille dans la neige qui conduira à la mort de l'équipage. Et elle hurle pour signaler le danger. Elle est raffinée dit Céline qui se compare à cette chienne de tête comme écrivain qui a averti des malheurs de la guerre. Richard Le Hir souhaiterait sans doute que cette métaphore soit évoquée à son propos mais si je la lui applique, il m'accusera avec raison de flatterie car, de fait, dans son cas, je crois que cette métaphore est un peu trop élogieuse. On peut en effet se demander si la privatisation d'Hydro-Québec par l'empire Power ou le fait de s'emparer du Mouvement Desjardins transformé en banque sont des dangers réels ou plutôt des épouvantails à moineaux inventés pour dramatiser l'analyse, procédé devant lequel l'essayiste ne reculerait certainement pas étant donné ses tendances au sensationnalisme et au catastrophisme. Par rapport à Hydro-Québec, par exemple, la nomination de Pierre-Karl Péladeau devrait diminuer considérablement ce danger et cela, il serait le premier à l'admettre puisqu'il a écrit un éloge tout azimut de cette nomination faite par Pauline Marois. Mais il se justifiera en prétendant qu'il plane dans les hauteurs du long terme et d'une analyse des dangers du capitalisme mondial menacé d'implosion. De toutes façons, il aura toujours une réponse à vos objections et aura toujours le dernier mot. Car lui, il voit et vous, vous ne voyez pas. Alors, comme dirait Céline, cause toujours mon lapin.

Ma deuxième conclusion, c'est que la description qui est faite dans cet essai des manoeuvres de l'empire financier Power et de Paul Desmarais en faveur d'intérêts privés augmente notre admiration pour des hommes politiques comme René Lévesque, Jacques Parizeau et Camille Laurin qui ont agi efficacement toute leur vie dans l'intérêt public des Québécois. Et que, dans le présent, on pourrait évaluer l'actuel gouvernement en se demandant: Pauline Marois et son équipe ne travaillent-ils pas actuellement, dans les conditions difficiles d'un gouvernement minoritaire, dans l'intérêt collectif des Québécois! Plus modestes que le pourfendeur du milliardaire canadien, certains de plus en plus nombreux dont je suis répondent OUI et en ne se pinçant pas le nez.

Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil, vendredi 02 août 2013
barberis@videotron.ca

Robert

Barberis-Gervais

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jeudi 23 janvier 2014

Les bizarreries de Richard Le Hir

par Robert Barberis-Gervais

Dans un article récent où il affirme la pertinence du Bloc québécois, Richard Le Hir annonce qu’il se présentera comme candidat du Bloc dans Papineau, le comté de Justin Trudeau, aux prochaines élections fédérales qui auront lieu à l’automne 2015. Après avoir été député et ministre, il affirme donc son intention de revenir à la politique.

En janvier 2012, à l’époque où il contestait Pauline Marois, il avait justifié ses analyses contre Claude Blanchet, le mari de Pauline Marois, à travers le dézonage agricole sur l’île Bizard, en disant qu’il voulait prévenir les attaques des fédéralistes et singulièrement de « La Presse » contre Pauline Marois. Attaquer Pauline Marois en passant par son mari Claude Blanchet, c’est une mode comme on vient de le voir à la Commission Charbonneau. Selon de l’écoute électronique, Jean Lavallée en conversation avec Michel Arseneault souhaitait qu’une pression soit faite sur Pauline Marois, chef de l’opposition, pour qu’elle s’oppose à la création d’une commission d’enquête sur l’industrie de la construction. Un « deal » aurait été fait avec Blanchet. Avec sa rigueur habituelle, Radio-Canada a transformé cela en « un deal avec le PQ ». Selon Isabelle Richer, le « deal » serait un investissement de 3 millions de la SOLIM dans Capital BLF, compagnie de Claude Blanchet dans l’immobilier. Tout le monde sait que l’opposition péquiste a demandé la commission d’enquête deux cent fois en trois ans. Mais revenons à notre sujet. Le 5 janvier 2012, Le Hir écrivait:

« Pauline Marois occupe une fonction stratégique pour les indépendantistes québécois. Nous avons tous beaucoup investi dans le Parti Québécois, et il ne faudrait pas qu’au moment où il deviendrait possible de passer enfin aux actes, le tapis nous glisse en dessous des pieds parce qu’un média quelconque, la grosse Presse par exemple, ressorte des vieilles affaires pour discréditer notre démarche. Vous savez fort bien qu’ils en seraient parfaitement capables et qu’ils ont en mains des dossiers complets sur tous ceux qui aspirent à des postes de commande au sein de notre mouvement, et même sur ceux qui n’ont pas de telles aspirations mais qui « occupent » de l’espace. Il est donc nettement préférable que nous fassions le ménage nous-mêmes. Et puis, il ne faudrait pas se résigner à accepter l’inacceptable parce que nos adversaires font bien pire."

Le propos paraît sincère et convaincant pourtant dans une partie de la philosophie qui s’appelle « la logique », ce serait un extraordinaire exemple à donner de sophisme : on attaque soi-même quelqu’un pour prévenir les attaques des adversaires... C’est une première bizarrerie.

Soyons sincère à notre tour, suivons son exemple et appliquons-lui le raisonnement qu’il a fait à l’époque où il souhaitait le départ de Pauline Marois (« Bye bye Pauline »…) et la traitait de « pusillanime », de « chochotte », de « pouliche de Desmarais » ou de quelqu’un qui dit des « niaiseries de garderie ». Comme vous voyez, il n’y allait pas de main morte. Il faut savoir que le mépris et la condescendance sont naturels à quiconque a un complexe de supériorité.

Faisons-nous historien et rapportons des faits.

En 2010, l'ex-avocat a participé sur Vigile, avec d’autres, à une tentative de putsch avec Bernard Landry et Gilles Duceppe en coulisse. Ils ont raté leur coup et Pauline Marois est première ministre du Québec. On se souvient des démissions, en juin 2011, de Louise Beaudoin, Lisette Lapointe, Pierre Curzi et Jean-Martin Aussant. On ne sait pas exactement quelle influence politique ont joué ces manoeuvres et ces démissions, mais ce qui est sûr, c’est que ça n’a pas aidé et que le résultat fut un gouvernement minoritaire.

Revenons en arrière et parlons de « vieilles affaires ». Richard Le Hir est connu pour son rôle négatif lors du référendum de 1995 comme responsable des études qui devaient rassurer la population puisqu’elles devaient démontrer que « nous avions pensé à tout ». Ce n’est pas aussi pire que l’affaire des Yvettes de Lise Payette en 1980 qui vient de nous être rappelée par un documentaire sur la féministe qui fut ministre dans le gouvernement de René Lévesque suite à la victoire du 15 novembre 1976. Mais ce n’est guère mieux.

Richard Le Hir est sorti de l’ombre comme président de l’Association des manufacturiers puis comme ministre responsable des études sur la souveraineté dans le gouvernement Parizeau dans le contexte du référendum de 1995. Tous les gens bien informés affirment que ce fut une grave erreur de Jacques Parizeau d’être allé le chercher dans le secteur privé et, pire encore, de l’avoir nommé ministre des études sur la souveraineté. Cette dernière fonction ne lui a pas réussi. L’expérience a été, il le dit lui-même à Antoine Robitaille du Devoir en octobre 2010 « énorme et difficile ». Les études devaient informer et rassurer la population et elles ne l’ont pas fait. Certains disaient même qu’à chaque fois que le ministre apparaissait à la télévision, le camp du OUI perdait des votes car il n’inspirait pas confiance.

Il a quitté ses fonctions de ministre dans le désordre et, conséquence de son échec, il a gardé une certaine animosité à l’égard des péquistes. On comprend qu’il n’aime pas qu’on y revienne mais il faut assumer son passé. Le fait est qu’il a attaqué le camp du OUI (voir « Pour en finir avec 1995 » publié en en mai 2005, où il compare bizarrement les assemblées régionales du comité du OUI à des tentatives de manipulation à la Goebbels à la grande satisfaction des adversaires de l’indépendance et du Parti québécois). Il a fait une profession de foi fédéraliste en 1998 devant les « Amis de Cité libre », cet antre du fédéralisme trudeauiste. Ces deux textes signés de Le Hir datés de 1998 et de 2005 facilement accessibles sur Internet font sûrement partie de ces dossiers dont il parlait sur ceux du mouvement indépendantiste qui aspirent à des postes de commande.

Le Hir a même offert ses services à Alliance Québec qui accusait le camp du OUI d’avoir annulé des votes dans les comtés anglophones, accusation qui a été rejetée par le juge Allan Gold. Rappelons que suite au référendum de 1995, le juge Gold a été saisi d’une enquête pour déterminer si des votes avaient été annulés frauduleusement là où le NON était majoritaire. Bien qu’il soit juif et anglophone, cette responsabilité lui a été offerte sur la base de son intégrité. L’accusation a été rejetée : il n’y avait pas eu plus de votes annulés lors du référendum de 1995 que d’habitude, à chaque élection.

Ce qui permet de redire que la thèse du référendum volé soutenue par Robin Philpot tient toujours et que c’est une erreur de soutenir le contraire comme Richard Le Hir l’a fait dans une entrevue à Antoine Robitaille, du Devoir : « 15 ans après le référendum toujours « rien de réglé » » (Le Devoir, 30 octobre 2010). On peut lire : « Richard Le Hir refuse la thèse du référendum volé. Chaque côté a triché : « J’ai l’impression que ça s’est annulé. » Il a corrigé plus tard cette affirmation en admettant que le camp du NON n’avait pas respecté les lois québécoises sur le financement comme l’existence d’Option Canada et les dépenses du Love In le prouvent. Ce vacillement est bizarre. Le livre de 205 pages de Robin Philpot publié en septembre 2005 ne rapporte pas « des impressions » mais des faits. C’est un exemple du manque de rigueur de l’ex-porte-parole des manufacturiers qui dit s’appuyer sur son expérience unique de ministre pour tenter de se présenter comme non-partisan mais qui, en fait, nie la réalité.

Ce qui vient d’être résumé fait partie du passé trouble, controversé et pas du tout glorieux de Richard Le Hir ; ce qui vient d’être évoqué est strictement exact et documenté et exprime une perception largement répandue dans les milieux indépendantistes informés.

Ce passé autorise à se poser la question suivante : l’ex-avocat et ex-ministre était-il un joueur d’équipe dans le gouvernement Parizeau ? Ses critiques ne sont pas toutes futiles mais il vient un moment où il faut choisir son camp et, sans renoncer à sa liberté de pensée, ne pas faire le jeu de l’adversaire en adoptant son point de vue entre autres sur « l’argent et les votes ethniques ».



Depuis quelques années, l’ex-politicien qualifié par euphémisme de maladroit par maints observateurs dont Michel David, publie des textes sur le site web Vigile.net. C’est là qu’il a publié l’essentiel de son livre sur Paul Desmarais et qu’il a annoncé sa candidature pour le Bloc.

Il est utile de savoir que deux des articles de Le Hir ont dû être retirés de la Tribune libre de Vigile après une mise en demeure des avocats de Claude Blanchet, le mari de Pauline Marois. Le sujet des l’article : l’île Bizard, le dézonage agricole et autres aménités qui ont conduit à la construction du « château » récemment vendu. Les surtitres étaient : « Les Bizard-reries de Claude Blanchet (1 et 2). » Il sont datés du 4 janvier et du 12 janvier 2012 et ont été retirés le 13 janvier 2012 par Bernard Frappier, le webmestre et fondateur de Vigile. Le Hir reprenait des accusations déjà exprimées dans le journal The Gazette en les amplifiant. On sait que le litige s’est terminé par une entente hors cour et que The Gazette a dû verser une somme d’argent non divulguée au couple Blanchet-Marois pour avoir nui à sa réputation. Le 21 janvier 2012, Daniel Breton adhérait au Parti québécois et renforçait le leadership de Pauline Marois. Ne cherchez pas la réplique aux Bizard-reries (1 et 2) intitulée : « Vigile...dans la fosse à purin » du 7 janvier 2012 : elle a été enlevée des Archives de Vigile par une main mystérieuse et la direction actuelle de Vigile a refusé de remettre le texte dans les Archives. En 2009, 30% des terres arables de l'île Bizard étaient en friche. Alors on voit mal comment le dézonage d'un terrain lui-même en friche pour construire une maison a pu nuire çà l'agriculture sur l'île Bizard. Ce qui veut dire en clair que l'histoire de The Gazette reprise par le duo Le Hir-Cloutier était de la bullshit. Il faudra y penser deux fois avant d'essayer de nuire à Pauline Marois en passant par son mari Claude Blanchet.

Depuis ce temps, les élections du 4 septembre 2012 ont eu lieu et Pauline Marois est première ministre. Aux dernières nouvelles, après ce parcours controversé, Le Hir appuie le Parti québécois. Il ne s’est pas encore excusé de s’être trompé et d’avoir fait une erreur stratégique grave en essayant de débarquer Pauline Marois comme chef du Parti québécois. Parlant de Pauline Marois, son intervention rapide au lac Mégantic et son empathie pour les sinistrés lui ont valu l’éloge unanime des acteurs et des commentateurs politiques et un regain d’estime dans la population. Cette estime s’accroît à cause de la loi 60 qui donnera enfin au Québec une Charte de la laïcité. Le dernier sondage Léger Marketing le confirme. Pauline Marois et son équipe ne travaillent-ils pas actuellement, dans les conditions difficiles d’un gouvernement minoritaire, dans l’intérêt collectif des Québécois ! Certains de plus en plus nombreux pensent que tel est le cas, ce qui pourrait conduire à un gouvernement Marois majoritaire comme l’indique le gros titre du Journal de Montréal du lundi 20 janvier 2014 suite au dernier sondage.

Actuellement, Richard Le Hir a pris la place de Bernard Frappier qui est décédé en septembre 2012 et dirige le site Vigile.net. Il est apparu dans l’actualité par la publication de deux essais, l’un sur le financier Paul Desmarais récemment décédé, l’autre sur Charles Sirois, président de la banque CIBC et impliqué dans la fondation de la CAQ. Il est en train de préparer la publication d’un autre livre sur la Caisse de dépôt et placement et Henri-Paul Rousseau qui est passé directement de la Caisse à Power après une perte de dix milliards dans les PCAA.
Un danger inhérent à sa méthode qui est utilisée dans son livre sur Paul Desmarais est une tendance à décrire des coupables par association. Par exemple, si Total ou Power sont impliqués dans Pétrolia pour l’exploitation du pétrole sur l’île Anticosti, c’est nécessairement mauvais. On doit se poser une question : est-ce que tous ceux qui sont dans le monde de la finance à la bourse, dans les banques ou dans les sociétés d’investissement comme Power sont des prédateurs ? Si oui, il s’agirait d’une critique radicale du capitalisme. Mais je doute que Richard Le Hir aille jusque là bien que son essai sur Paul Desmarais nous pousse vers cette conclusion extrême. Rappelons-nous l’éloge dithyrambique qu’il a fait de la nomination de Pierre-Karl Péladeau par Pauline Marois comme président du Conseil d’administration d’Hydro-Québec. A propos de l’intention de Richard Le Hir de se présenter pour le Bloc dans Papineau, pour moi, c’est la dernière de ses bizarreries. Si son intention se concrétise de revenir à la politique active, on ne s’ennuiera pas. On aimerait être certain qu’il a beaucoup appris de son passage désastreux dans le gouvernement Parizeau et de sa tentative ratée de déstabiliser Pauline Marois qui a répondu chez Mongrain en se référant aux Parizeau, Bouchard et Landry : « Moi, je ne démissionne pas ».

En 2005, dans son texte intitulé « Pour en finir avec le référendum de 1995 », Richard Le Hir écrit qu’il intervient « par souci de l’éthique ». Dans « les bizarreries de Richard Le Hir », je m’exprime moi aussi par « souci de l’éthique » et je combats ce qu’il appelle lui-même le manque de mémoire "qui transforme des gens intelligents en moutons et qui est un puissant incitatif à la la médiocrité »

M. Le Hir affirme aujourd’hui qu’il est indépendantiste. Que pense l’historien ? Il affirme ceci : après s’être dit souverainiste en 1995, anti-péquiste après ses déboires au gouvernement, fédéraliste en 1998, puis carrément hostile aux indépendantistes en 2005 et enfin, anti-Marois de 2010 à 2012, le voilà dans le camp du gouvernement Marois. Actuellement, ses écrits sont très critiques des fédéralistes et sont utiles au mouvement indépendantiste. Il multiplie les attaques contre le chef du Parti libéral Philippe Couillard qui est allé en Arabie saoudite pour l’argent, qui est un ami d’Arthur Porter, qui est lâché par La Presse entre autres à cause de son choix de l’emplacement du CHUM, qui est incapable de défendre les intérêts du peuple québécois qui s’exprime dans la Charte de laïcité et qui, selon Fatima Houda-Pépiin, va perdre les prochaines élections.

Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil, jeudi 23 janvier 2014
barberis@videotron.ca

Robert

Barberis-Gervais

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L'opinion exprimée dans le cadre de cette chronique, est celle de son auteur
et ne reflète pas nécessairement l'opinion, ni n'engage le SORELTRACY MAGAZINE.
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lundi 12 mai 2014

Les aventures politiques de Richard Le Hir

par Robert Barberis-Gervais

Le Petit Robert définit l’aventurier comme une personne qui cherche l’aventure, par curiosité et goût du risque, sans que les scrupules moraux l’arrêtent. Il ajoute : personne qui vit d’intrigues, d’expédients. Voir intrigant. C’est bien comme définition.

J’ai déjà commencé à tracer le portrait de l’ex-député d’Iberville sur le Sorel-Tracy Magazine sous le titre : "Les bizarreries de Richard Le Hir" publié le 23 janvier 2014. C'est d'un accès facile en allant à la section "opinion du lecteur". Je vous y réfère. Voici un complément à cette esquisse.

Il ne s’agira pas ici des aventures professionnelles de l’avocat qui ne pratique plus sa profession d’avocat bien qu’il se serve abondamment et, à mon avis, pas toujours à bon escient, de ses connaissances juridiques. Il ne sera pas question non plus des aventures financières de celui qui a déclaré faillite même si ça pourrait expliquer en partie son grand intérêt pour des gens qui ont réussi comme Claude Blanchet, Paul Desmarais, Charles Sirois ou Henri-Paul Rousseau.

Richard Le Hir s’est projeté dans le portrait qu’il a fait d’Henri-Paul Rousseau venu s’expliquer devant une commission parlementaire. Il écrit : « À cette occasion, Rousseau était apparu très sûr de lui, un brin arrogant, et surtout très hautain et condescendant à l’endroit des députés. Très grand moi-même, je suis bien placé pour savoir qu’une partie de l’impression qu’il dégage est attribuable à sa très grande taille. Encore plus grand que moi, il a ce qu’on appelle « un physique imposant ». (« Henri-Paul Rousseau, le siphonneur de la Caisse de dépôt », Tribune libre de Vigile, 26 février 2014)

Nous verrons plus loin comment il est de retour dans l’actualité mais profitons-en pour rappeler, en historien, certaines aventures politiques de celui qu’un de mes amis facétieux appelle : le Grandhomme.

Sur le Registre des entreprises, on constate que Richard Le Hir est l’administrateur de la « Société des amis de Vigile ». Gilles Paquin est le Président du conseil d’administration. Membre du Conseil d’administration du site politique Vigile.net, Richard Le Hir en est le secrétaire-trésorier et le rédacteur-en-chef. Il en mène pas mal large et il lui arrive de refuser des textes de façon arbitraire comme c’est arrivé pendant la campagne électorale où il a refusé de publier deux de mes textes pertinents, l’un « il n’y aura pas de référendum » et l’autre sur « l’engagement indépendantiste de Pierre-Karl Péladeau ».

Il est né en 1947 à Versailles et ça déteint parfois. Comme je ne fais pas partie de ses admirateurs inconditionnels, j’ai eu et j’ai encore des relations houleuses avec le Grandhomme. Je me suis opposé à ses prétentions à l’époque où il souhaitait le départ de Pauline Marois. Il traitait la chef du Parti québécois de « pusillanime » parce qu’elle ne voulait pas fermer le Parlement contrôlé par le gouvernement de Jean Charest vendu à des intérêts privés...

La principale aventure politique de l’ex-député du comté d’Ibervile de 1994 à 1998 fut une mésaventure. Il est connu pour son rôle négatif lors du référendum de 1995 comme responsable des études qui devaient rassurer la population puisqu’elles devaient démontrer que « nous avions pensé à tout ». Ce n’est pas aussi pire que l’affaire des Yvettes de Lise Payette en 1980 mais ce n’est guère mieux. Les études devaient informer et rassurer la population et elles ne l’ont pas fait. Certains disaient même qu’à chaque fois que le ministre apparaissait à la télévision, le camp du OUI perdait des votes car il n’inspirait pas confiance.

Il a quitté ses fonctions de ministre dans le désordre et, conséquence de son échec, il a gardé une certaine animosité à l’égard des péquistes. Un homme de conviction n’aurait pas réagi ainsi. Le fait est qu’il a attaqué le camp du OUI dans un texte publié en mai 2005: "Pour en finir avec 1995 » Il a fait une profession de foi fédéraliste en 1998 devant les « Amis de Cité libre », cet antre du fédéralisme trudeauiste. L’ex-ministre a même offert ses services à Alliance Québec qui accusait le camp du OUI d’avoir annulé des votes dans les comtés anglophones, accusation qui a été rejetée par le juge Allan Gold.

Les élections du 4 septembre 2012 ont eu lieu et Pauline Marois a été élue première ministre d'un gouvernement minoritaire. Après avoir tenté en vain de déstabiliser Pauline Marois, Richard Le Hir a appuyé le Parti québécois. Il a fait un éloge dithyrambique de la nomination de Pierre-Karl Péladeau par Pauline Marois comme président du Conseil d’administration d’Hydro-Québec et s’est réjoui de l’annonce de la candidature de l’homme d’affaires dans St-Jérôme. Mais tout de suite après la défaite du 7 avril, il en a profité pour dire qu’il avait eu raison de contester le leadership de Pauline Marois.

Récemment, un article très intéressant a attiré notre attention. Il est daté du 6 mai 2014 et a été publié par Richard Le Hir sur Vigile, sur le financement illégal du Parti libéral du Canada et du Parti libéral du Québec. Le titre : « les deux partis ont compromis l’intégrité du régime fiscal pour assurer leur financement ». Le sous-titre : « l’inquiétant comportement de la commission Charbonneau ». Le passage suivant nous renseigne sur les activités de l’ex-homme politique. Ce qui étonne, ce sont les révélations de Richard Le Hir lui-même sur ses rapports avec la police: on dirait qu'il essaie d'être un émule d'Alain Gravel et de Marie-Maude Denis de l'émission "Enquête". Sa prose est redoutable et il faut lire l'article au complet pour vraiment l'apprécier. En voici un extrait publié le 6 mai 2014.

« Quelques mois plus tard, sur la recommandation de l’avocat qui nous représente, Vigile et moi, dans la poursuite en diffamation intentée contre nous par un important développeur immobilier de Montréal, et après la formation de la Commission Charbonneau, je rencontre deux enquêteurs de la Commission détachés par la SQ à des fins d’enquête, et je leur transmets toute l’information que j’ai accumulée depuis plusieurs années sur la corruption de notre système politique. Je reprends contact avec eux à chaque fois que je reçois de nouvelles informations susceptibles de les intéresser, et je l’ai fait à quatre reprises depuis deux ans.

L’an dernier, à peu près à cette époque, une source proche tant du PLC que du PLQ qui ne souhaite alors pas être identifiée me révèle des informations très troublantes sur le financement de ces deux partis. Conscient de la nécessité qu’ils fassent l’objet d’une enquête rigoureuse, je m’empresse de relayer la partie la plus délicate à mes contacts de la CEIC. (…)

La conclusion de cet article (sur Laval) fait spécifiquement référence à ma source qui nous ouvre les yeux sur les magouilles qui ont favorisé le dérapage du PLQ et du PLC, au point où environ 30 % du total des sommes reçues par le PLQ dans le cadre du financement sectoriel au cours des dernières années auraient été recueillies en utilisant des prête-noms. Le PLC aurait lui aussi employé le même stratagème. Dans son témoignage devant la Commission Charbonneau, Lino Zambito a également évoqué le recours massif aux prête-noms et la difficulté de disposer de grosses sommes en espèces.
Dans le cas du PLQ seulement, cette méthode de financement lui aurait rapporté quelques dizaines de millions de dollars. Ce n’est pas rien ! »

En effet, Vigile a été poursuivi pour diffamation par un gros promoteur immobilier de Montréal qui a un nom italien et qui n’a pas apprécié un article de Le Hir intitulé : « Les tentacules de la mafia ». Cyberpresse a été impliqué dans cette poursuite à cause d’un article du journal « Le Soleil » sur le même promoteur immobilier. La cause est toujours en cour.

L'actualité nous fournit un dernier élément. Dalila Awada, la jeune femme longiligne aux pantalons roses (voir photo dans le « Journal de Montréal » du 5 mai 2014, pour illustrer un article de Michael NGUYEN sur la poursuite de Dalila Awada) étudiante en sociologie, militante de Québec solidaire, vient d’intenter une poursuite de 120,000$ en diffamation contre « poste de veille », Louise Mailloux et « la Société des amis de Vigile ». Quatre éléments publiés sur Vigile sont cités par la poursuite, un vidéo et trois articles. Il faut savoir que la militante de la laïcité Louise Mailloux que les intégristes redoutent et veulent réduire au silence fait partie du conseil d’administration de Vigile.


Les avocates de la jeune femme aux voiles multicolores sont le bureau Goldwater Dubé. Anne-France Goldwater est passée à TLMEP : c’est l’avocate qui a défendu l’ex-femme du fondateur du Cirque du Soleil. Paraît-il que la volubile Me Goldwater demande 500$ de l’heure. C’est moins que l’avocat Lucien Bouchard qui demandait 1,200$ de l’heure pour représenter la Société des alcools mais quand même. On se demande où l’étudiante en sociologie va prendre les fonds pour payer ses avocates ?

Le Président du conseil d’administration de « La Société des Amis de Vigile » Gilles Paquin a émis un communiqué le 7 mai sur Telbec. Le voici.

« (…) La Société des amis de Vigile entend se défendre vigoureusement contre cette action qu’elle juge frivole et sans fondement en ce qui la concerne. La Société présentera notamment une demande reconventionnelle dans laquelle elle réclamera à Mlle Awada des dommages pour atteinte à sa réputation. L’organisme demandera en plus au tribunal de statuer qu’il s’agit d’une poursuite-bâillon dans le seul but de réduire au silence le site Vigile.net. »

On vous tiendra au courant de la suite puisque mon texte : « A Tout le monde en parle », « Dalila Awada est une militante de Québec solidaire » publié sur la Tribune libre de Vigile le 30 septembre 2013 est le quatrième élément cité dans la poursuite contre "La Société des Amis de Vigile". Un reportage de Michel Morin sur TVA nouvelles le 9 mai 2014 a provoqué une réplique de Daniel Laprès. Ce reportage et cette réplique méritent d'être vu et lu. Voici le lien de l'article de Daniel Laprès qui contient aussi le lien pour le reportage controversé de TVA nouvelles.

La bizarre mascarade médiatique de la mascotte islamiste ...
www.radioh2o.ca/la-frenesie-mediatique-de-la-mascotte-islamiste-awada-..

Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil, lundi 12 mai 2014
barberis@videotron.ca

Robert

Barberis-Gervais

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L'opinion exprimée dans le cadre de cette chronique, est celle de son auteur
et ne reflète pas nécessairement l'opinion, ni n'engage le SORELTRACY MAGAZINE.
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vendredi 20 février 2015

Radio-Canada et Alain Gravel dans la fosse à purin
Par Robert Barberis-Gervais

Le 29 avril 2014, trois semaines après la défaite du Parti québécois, le Sorel-Tracy Magazine publiait mon article intitulé «Gibelotte post-électorale». Le Conseil de presse vient de blâmer Radio-Canada, l'émission Enquête et le journaliste Alain Gravel pour son reportage sur un montant de 25,000$ qu'aurait reçu Claude Blanchet pour financer l'élection de sa femme Pauline Marois comme chef du Parti québécois en 2007.

Voici ce que j'écrivais à la fin d'avril 2014.

«Sur l'intégrité, Philippe Couillard a tout de suite fait dévier le débat et évité les questions sur Arthur Porter, le privé en santé, l'Arabie saoudite ou la corruption du régime Charest auquel il a participé. Il a parlé de salissage ou de boue lancée de telle sorte que tous les suiveux de journalistes ont parlé de campagne sale ou de campagne dure. (…) Mon Dieu, que c'est une campagne sale. En sous-entendu, ce n'est pas bien de parler de corruption et, de toutes façons, tous sont corrompus sauf sainte Françoise.

Le chef du Parti libéral, lui, n'a pas lancé de boue: il a laissé faire Radio-Canada et Alain Gravel avec un affidavit anonyme contre lequel Claude Blanchet ne pouvait se défendre: vous ne viendrez pas me dire que c'est éthique de procéder comme l'a fait Alain Gravel qui se prend pour le cinéaste Jean-Pierre Melville avec ses mises en scène ridicules où des enveloppes passent d'une main à l'autre dans la pénombre. Vous me direz qu'on peut se fier à Alain Gravel. C'est oublier qu'il travaille à Radio-Canada qui est par mission officielle anti-indépendantiste et anti-péquiste, qui ne fait pas de l'information objective mais de l'information orientée ou diluée dans le placottage des commentateurs et qui emploie les deux journalistes les plus incompétentes et idéologiquement orientées que je connaisse, Anne-Marie Dussault et Martine Biron. (…)

Les médias ont neutralisé le thème de la corruption et de l'intégrité. Vous savez ce que disent les anglophones quand on dit que le Parti libéral du Québec est corrompu: ils disent que ce ne sont que des allégations, qu'on n'a pas de preuve. C'est ce qu'on appelle de la mauvaise foi. Ils préféreront toujours un corrompu (le maire Tremblay) à un séparatiste ( Louise Harel).»

Tout le monde est invité à lire les analyses et le jugement du Conseil de presse: c'est la décision numéro D2014-07-008. (http://conseildepresse.qc.ca/decisions/d2014-07-008)

En voici trois extraits.

Premier extrait:

«Considérant qu’une seule source, anonyme de surcroît, affirmait que M. Blanchet ait pu commettre des gestes allant à l’encontre des règles entourant le financement électoral, que cette information n’est validée par aucune autre source indépendante et finalement que le contexte électoral commandait la plus grande rigueur journalistique, le Conseil juge que Radio-Canada et son journaliste Alain Gravel ont fait preuve d’imprudence en publiant l’accusation voulant que M. Blanchet savait clairement que la loi électorale serait contournée par l’usage de prête-noms et donc qu’il se serait rendu complice d’une entorse à la loi sur le financement électoral.

Aux yeux du Conseil, le simple fait d’avoir contacté M. Blanchet pour lui donner l’occasion de s’expliquer face à ces accusations ne saurait justifier la publication de ces accusations, sous prétexte qu’un équilibre aurait été atteint entre deux points de vue contradictoires. Car il semble évident pour le Conseil que l’auditeur moyen aura essentiellement retenu de ce reportage que M. Blanchet avait quelque chose à se reprocher, alors même que les preuves allant en ce sens sont extrêmement ténues, voire inexistantes. Le fait d’affirmer, plus tard durant le même reportage, qu’aucune preuve solide ne vient appuyer les dires de la première source anonyme ne peut justifier la publication d’une information non vérifiée, qui n’avait pas plus de valeur qu’une simple rumeur. En matière judiciaire, et a fortiori dans un contexte électoral, la plus grande prudence est de mise.

Le fait que la source soit anonyme ne vient, aux yeux du Conseil, que renforcer l’obligation de vérification. Mais il importe cependant de rappeler ici que les informations rapportées par des sources, qu’elles soient anonymes ou non, se doivent d’être authentifiées et validées, surtout lorsqu’elles sont aussi dénonciatrices.

Le Conseil juge donc que Radio-Canada et son journaliste, Alain Gravel, ne devaient pas rapporter les accusations de leur source anonyme voulant que M. Blanchet s’était fait complice d’un stratagème de financement par prête-noms, sachant que celles-ci n’avaient pas été corroborées, et considérant les conséquences potentiellement dévastatrices que de telles accusations pouvaient avoir sur M. Blanchet, Mme Marois et le Parti québécois.

En diffusant ces accusations, ils ont contrevenu autant aux normes de Radio-Canada qu’à celles du guide des Droits et responsabilités de la presse.

En conséquence, le Conseil retient le grief pour absence de vérification des sources et utilisation injustifiée d’une source anonyme.»

Deuxième extrait

Le Conseil s’est attardé à un segment précis du reportage, où l’on entend une conversation téléphonique entre le journaliste Alain Gravel et M. Blanchet. Durant cet extrait le journaliste demande à M. Blanchet s’il est vrai, comme l’affirme la première source anonyme, que celle-ci lui a remis « une enveloppe avec des chèques, donc de différents donateurs, des prête-noms, qui ne devaient pas excéder 3000 $ par contribution? ». À cette question, M. Blanchet répond : « Jamais. »

Or, durant cet extrait, le reportage présente une reconstitution, qui n’est pas identifiée comme telle, montrant à deux reprises une personne donnant à une autre une enveloppe brune – le symbole par excellence, au Québec, de la corruption. La scène est légèrement floutée afin de mettre l’accent sur le caractère secret et occulte de l’affaire.

Pour le Conseil, il ne fait aucun doute que les mis en cause, en diffusant des images montrant précisément, et au même moment, ce qu’était en train de nier M. Blanchet, cherchaient à discréditer la version des faits de ce dernier. En procédant ainsi, le Conseil est d’avis que les mis en cause ont « créé de la confusion sur le véritable sens de l’information transmise », et ont en conséquence commis une faute déontologique.

Le grief pour présentation tendancieuse de l’information est donc retenu.»

troisième extrait

«Décision

Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec retient la plainte de M. Paul Desfossés contre le journaliste Alain Gravel, l'émission « Téléjournal 22h » et la Société Radio-Canada, pour les griefs d'utilisation non justifiée d'une source anonyme et de présentation tendancieuse de l’information.»


Le Conseil de presse vient donc de confirmer l'évidence. Si je voulais prolonger cette décision, je dirais que Radio-Canada avait comme objectif politique de banaliser le thème électoral de la corruption qui menaçait le Parti libéral du Québec. Pour que «le peuple» pense que tous les politiciens étaient corrompus, il s'agissait d'attaquer Pauline Marois en passant par son mari Claude Blanchet. (Comme la Commission Charbonneau qui a fait beaucoup de millage avec «le deal avec Blanchet».) Radio-Canada a contribué à ce que les électeurs se disent: "Ils sont tous pourris". Leur intention générale était de nuire au Parti québécois et à sa chef Pauline Marois en diffusant au Téléjournal 22h. du 31 mars 2014, soit sept jours avant le vote du 7 avril. un reportage avec des informations «aussi dénonciatrices» dixit le Conseil de presse. Le Conseil de presse écrit: «considérant les conséquences potentiellement dévastatrices que de telles accusations pouvaient avoir sur M. Blanchet, Mme Marois et le Parti québécois. En diffusant ces accusations, ils ont contrevenu autant aux normes de Radio-Canada qu’à celles du guide des Droits et responsabilités de la presse.» Ce qui autorise à conclure que ce soir-là, «Enquête» et Alain Gravel sont entrés dans la fosse à purin. Et l'odeur reste. Ineffaçable.

Radio-Canada a annoncé qu'elle irait en appel. A propos des réponses officielles de Radio-canada aux plaintes qui sont faites contre des journalistes, j'ai une remarque à faire. J'ai porté plainte contre Martine Biron et l'ombudsman Pierre Tourangeau m'a donné raison. Vous auriez dû lire les arguments fallacieux et surréalistes utilisés par Radio-Canada pour défendre Martine Biron. C'était de la mauvais foi pure et simple. J'ai aussi porté plainte contre Anne-Marie Dussault afin qu'elle reçoive un blâme à cause de sa façon non-professionnelle de se comporter dans des entrevues avec Bernard Drainville sur la Charte des valeurs et avec Pierre Duchesne à propos d'Elaine Zakaïb , responsable du Fonds de solidarité dans les régions dont on a enregistré une conversation téléphonique pour la Commission Charbonneau. Cette fois-ci, Pierre Tourangeau ne m'a pas donné raison car si tel avait été le cas, il aurait fallu congédier Anne-Marie Dussault pour partialité et incompétence.

Cette intervention de Radio-Canada en pleine campagne électorale est irréparable et impardonnable. Les médias de Québecor, TVA-LCN, le Journal de Montréal et le Journal de Québec n'ont reçu aucun blâme du Conseil de presse pour leur couverture de la campagne électorale de mars-avril 2014. On y trouve de l'information honnête et une diversité d'opinions absentes de Radio-Canada. Quand on voit Anne-Marie Dussault se contorsionner et faillir s'évanouir comme Bella dans Cormoran quand elle parle du contrôle de Pierre-Karl Péladeau sur Québécor, n'est-il pas normal de prendre ses propos avec un grain de sel.

A l'opposé, l'honnêteté de Pierre Karl Péladeau est perçue par les Québécois. Et ils aiment beaucoup ce qu'ils voient. Que les manipulateurs de Radio-Canada en prennent note. Ce sera peut-être plus difficile de donner au couple Péladeau-Snyder les coups bas portés contre le couple Marois-Blanchet.

Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil, vendredi 20 février 2015
barberis@videotron.ca

jeudi 04 septembre 2014

Des informateurs de police?

par Robert Barberis-Gervais

Pour justifier son refus d'une commission d'enquête publique, Jean Charest répétait qu'il fallait laisser travailler la police, en l'occurrence l'UPAC. Dans un contexte où le rapport Duchesneau avait sonné l'alarme sur la corruption et la collusion dans le monde de la construction au Québec, les enquêtes de la police prenaient une énorme importance.

Vous aurez remarqué le point d'interrogation à la fin de notre titre accrocheur. Ce titre ne convient peut-être pas à Claude Morin si on accepte sa version des faits mais il va bien à Richard Le Hir qui a rendu publics sans aucune obligation de sa part des contacts qu'il aurait eus avec des agents de la SQ prêtés à la commission Charbonneau, contacts qui auraient eu pour but de désigner des coupables d'infraction à la loi sur le financement des partis politiques.

Cet automne, au Boréal, l’ex-ministre péquiste Claude Morin publie une sorte de testament intellectuel, à la fois politique et spirituel, dans «Je le dis comme je le pense». Il ne pourra pas ne pas revenir sur ce qu'il a appelé lui-même «l'affaire Morin» dans un livre publié en 2006 avec un sous-titre éloquent: «Légendes, sottises et calomnies». Le père de l'étapisme reconnaît avoir eu plusieurs conversations avec des membres de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) entre 1974 et 1977, période pendant laquelle il fut ministre des Affaires intergouvernementales au sein du gouvernement du Parti québécois. Cette activité inusitée où il a reçu des sommes d'argent qu'il a acceptées pour bien montrer qu'il jouait le jeu a provoqué plusieurs interrogations auxquelles Morin a tenté de répondre tant bien que mal.

Les événements se situent de 1974 à 1977, alors que Morin était un des principaux stratèges du PQ. Selon lui, les conversations portaient essentiellement sur les possibilités d'infiltration du PQ par des éléments étrangers, pas sur des révélations relatives à la vie interne du parti. Dans un texte intitulé : «Moi, Claude Morin, informateur de la GRC», l'ex-ministre donne sa version de l'affaire, allant jusqu'à affirmer que c'est lui «qui tirait les vers du nez» de ses interlocuteurs. On veut bien le croire mais on peut avoir des doutes: dans ce genre de situations n'est-ce pas le donnant-donnant qui est la règle. On imagine facilement qu'on jouait au jeu du chat et de la souris. Selon Morin : «..l'accession d'un peuple à la souveraineté ne se réalise pas en vase clos et ne relève pas de la magie, mais dépend d'un rapport de forces politiques où, parmi d'autres facteurs, la connaissance des manoeuvres adverses joue un rôle essentiel. Il serait irresponsable de ne pas essayer de les voir venir.» Les stratèges de Pauline Marois auraient eu intérêt à appliquer ce principe pendant la campagne électorale du 7 avril 2014.

La polémique entourant ces révélations a été vive, particulièrement chez les indépendantistes. Rencontré à l'époque alors qu'il venait de donner une conférence au cégep de Sorel-Tracy sur le français menacé dans la région de Montréal, Pierre Bourgault en était resté bouché bée. Les adversaires de l'étapisme en ont profité pour vilipender l'homme à la pipe surnommé le Sphinx de Québec. «Non seulement il nous a nui par son étapisme mais en plus, il fréquentait la GRC», disait-on. Sans que l'on sache avec exactitude tout ce qui s'est dit lors de ces rencontres avec des agents de la GRC, ce qui est certain c'est que Claude Morin s'est rendu vulnérable et a donné aux adversaires fédéraux à Ottawa l'occasion de faire du chantage. Ce qui n'était guère brillant pour un grand stratège. Même si on accepte ses explications et même si on ne doute pas de ses intentions et de sa bonne foi, il est difficile de porter un jugement objectif sur des activités qui se situent dans le monde trouble de Talleyrand-Fouché quoique à une échelle évidemment fort différente.

Les contacts de Richard Le Hir avec la police ne se situent pas à ce niveau loin de là. Il y a une différence en partant. C'est Richard Le Hir lui-même qui nous en a informés dans un texte paru sur le site Vigile.net ayant pour titre: «L’inquiétant comportement de la Commission Charbonneau» (Vigile, Chronique, 6 mai 2014) avec comme sous-titre: «Les deux partis ont compromis l’intégrité du régime fiscal pour assurer leur financement». S'il n'avait pas écrit cet article, nous ne l'aurions pas su. Pourquoi tenait-il tant à ce que nous le sachions? Sans doute l'a-t-il fait pour qu'on sache qu'il est un homme redoutable qui a des «contacts». «Ououou» comme dirait Jerry Seinfeld le soir de l'Halloween. Ce qui nous ramène à son passé controversé comme ex-ministre et à ses exploits récents, ses bizarreries et ses aventures politiques, dont j'ai parlé dans deux articles publiés ici même sur le Sorel-Tracy Magazine.

Les deux partis dont il est question, c'est le Parti libéral du Canada et le Parti libéral du Québec. Et ce qui compromet le régime fiscal, c'est l'usage des prête-noms par les partis politiques pour contourner la loi électorale sur le financement qui est limité aux personnes et qui est interdit aux entreprises et bureaux de professionnels, en particulier les firmes d'ingénieurs.

A propos des prête-noms, Le Hir souligne que les reçus émis aux prête-noms sont des faux et leur utilisation pour réclamer des déductions d’impôt est une infraction à la Loi électorale, à la loi de l'impôt et au code criminel. Et c'est l'ex-avocat qui se veut intimidant qui parle.

Venons-en aux confidences non sollicitées de l'article du 6 mai. Le Hir écrit:

«…après la formation de la Commission Charbonneau, je rencontre deux enquêteurs de la Commission détachés par la SQ à des fins d’enquête, et je leur transmets toute l’information que j’ai accumulée depuis plusieurs années sur la corruption de notre système politique. Je reprends contact avec eux à chaque fois que je reçois de nouvelles informations susceptibles de les intéresser, et je l’ai fait à quatre reprises depuis deux ans.
L’an dernier, à peu près à cette époque, une source proche tant du PLC que du PLQ qui ne souhaite alors pas être identifiée me révèle des informations très troublantes sur le financement de ces deux partis. Conscient de la nécessité qu’ils fassent l’objet d’une enquête rigoureuse, je m’empresse de relayer la partie la plus délicate à mes contacts de la Commission d'enquête sur l'industrie de la construction, CEIC.»

Deux choses ressortent ici. C'est que Richard Le Hir nous dit qu'il est en contact avec des agents de la SQ de la CEIC et, en plus, qu'il est en contact avec «une source proche tant du PLC que du PLQ». Une série de questions se posent. A-t-il protégé cette source libérale qui ne souhaitait pas être identifiée? Et comme nous sommes à l'ère du soupçon qu’est-ce que lui, de son côté, a raconté de juteux à cette source ? Ensuite, a-t-il abordé d'autres sujets que les prête-noms avec ses contacts de la CEIC? Sur le site web Vigile qu'il contrôle de façon parfois arbitraire et erratique, Le Hir, avec d'autres associés, s'est acharné sur Claude Blanchet et sur le PQ-Marois. A-t-il directement apporté de l’eau au moulin à la commission Charbonneau (le « deal » imaginaire avec Claude Blanchet) et à Radio-Canada (Alain Gravel et l’affidavit). En insistant sur la boulechitte du zonage agricole de l’île Bizard (alors que 30% de l’île Bizard est en friche), ils ont voulu nuire à Pauline Marois en marchant sur les traces du journal "The Gazette" et ils ont réussi à lui nuire.

Tout comme il était difficile de justifier les rencontres de Claude Morin avec des agents de la GRC, on peut se demander comment ces contacts avec des agents de la SQ de la commission Charbonneau et avec une source libérale proche du PLC et du PLQ ont pu contribuer au mouvement indépendantiste. La Commission était au courant sur les prête-noms. Mais quand on a un égo surdimensionné, on essaie de se donner de l'importance. Mais y a-t-il une autre explication que le recours à la psychologie? Quand on est devant un tel inquisiteur autoritaire, on a le droit de poser des questions.

Que lui dit cette source proche tant du PLC que du PLQ? Je cite encore:

«…ma source nous ouvre les yeux sur les magouilles qui ont favorisé le dérapage du PLQ et du PLC, au point où environ 30 % du total des sommes reçues par le PLQ dans le cadre du financement sectoriel au cours des dernières années auraient été recueillies en utilisant des prête-noms. Le PLC aurait lui aussi employé le même stratagème. (…) Dans le cas du PLQ seulement, cette méthode de financement lui aurait rapporté quelques dizaines de millions de dollars.»

Et pourquoi, dans le titre de l'article du 6 mai, parler du comportement de la Commission Charbonneau qui serait inquiétant?

«Le 1er avril dernier, j’ai communiqué avec mes contacts de la Commission Charbonneau pour demander à les rencontrer et les informer de certains développements. Cette démarche est restée sans réponse… Mais six semaines plus tard,(…) je m’interroge sur l’absence de suivi.»

L'explication plausible de cette «absence de suivi» c'est que, comme on devait l'apprendre plus tard lors de l'interrogatoire de certains témoins, la Commission savait parfaitement que l'usage des prête-noms était pratique courante dans le financement des partis politiques y compris au Parti québécois même si c'est à une moindre échelle. Ce qui a permis à des femmes impliquées dans le financement de leur parti de dire qu'elles ignoraient complètement ce stratagème qui était, excusez le jeu de mots, monnaie courante. Et à Nathalie Normandeau de dire qu'elle avait érigé un mur entre elle et la collusion pratiquée sur une haute échelle entre son chef de cabinet et Marc-Yvan Côté, libéral au service de Roche, un bureau d'ingénieurs de Québec

En conclusion, depuis le commencement de la campagne contre la corruption et la collusion dans l'industrie de la construction où le rapport Duchesneau a joué un rôle capital, avec la création de l'UPAC (Unité permanente anti-corruption), on constate l'importance politique d'une police qui interroge des hommes et femmes politiques et fait des descentes pour saisir des documents... espérons avant que la déchiqueteuse soit entrée en action. C'est pourquoi des gens qui aspirent à jouer un rôle politique quel qu'il soit entrent en contact avec la police et deviennent parfois des informateurs de la police.

Dans cette perspective, Claude Morin et Richard Le Hir sont des exemples spectaculaires et troublants qui peuvent nourrir une réflexion sur le rôle de la police dans notre démocratie. C'est troublant parce que comme le disait l'humoriste française Anne Roumanoff: «On ne nous dit pas tout».

Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil, jeudi 04 septembre 2014
barberis@videotron.ca

Robert

Barberis-Gervais

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L'opinion exprimée dans le cadre de cette chronique, est celle de son auteur
et ne reflète pas nécessairement l'opinion, ni n'engage le SORELTRACY MAGAZINE.
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dimanche 09 août 2015

Claude Morin, l'UPAC et le rôle politique de la police
par Robert Barberis-Gervais

A l'automne 2014, chez l'éditeur montréalais Boréal, l’ex-ministre péquiste Claude Morin a publié une sorte de testament intellectuel, à la fois politique et spirituel intitulé «Je le dis comme je le pense». Dans la démarche vers la souveraineté, l'universitaire de Québec a eu beaucoup d'influence au sein du Parti québécois et au sein du gouvernement Lévesque. C'est donc passionnant à lire car il écrit bien et a beaucoup de choses à dire. Il excelle dans l'art d'argumenter pour se justifier. Il faut savoir que Claude Morin a toujours mis l'accent sur la stratégie au lieu de miser sur la clarté et la pertinence du projet indépendantiste ainsi que sur l'action politique de tous ceux et celles qui font partie du mouvement indépendantiste. C'est mon principal reproche. Et il est grave. «Sans référendum, point de salut» résume sa pensée. Heureusement, après 42 ans d'étapisme, Pierre-Karl Péladeau a décidé de miser sur la clarté du projet de pays et sur l'action des militants et militantes de l'indépendance.

Le stratège péquiste revient sur ce qu'il a appelé lui-même «l'affaire Morin» dans un livre publié en 2006 avec un sous-titre éloquent: «Légendes, sottises et calomnies». Le père de l'étapisme reconnaît avoir eu plusieurs conversations avec des membres de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) entre 1974 et 1977, période pendant laquelle, suite à la victoire péquiste du 15 novembre 1976, il fut ministre des Affaires intergouvernementales au sein du gouvernement du Parti québécois. Lors de cette activité inusitée, il a reçu des sommes d'argent qu'il a acceptées pour bien montrer qu'il jouait le jeu et a provoqué plusieurs interrogations auxquelles Morin a tenté de répondre de multiples façons.

Il revient sur le sujet dans son dernier livre dans un chapitre intitulé «L'affaire». Il accuse de manque de rigueur et de déformation des faits Normand Lester, Loraine Lagacé, Pierre Duchesne, Pierre Dubuc et Pierre Godin. Le 9 mai 2011, il a écrit une lettre à Normand Lester où il lui reproche d'avoir fait l'accusation suivante: «Morin a été l'oeil d'Ottawa au sein du gouvernement du Québec. Il a tenu le fédéral au courant de tous les détails de la diplomatie secrète Québec-Paris qui s'est développée à la suite de la visite du général de Gaulle en 1967.» Claude Morin considère cette thèse comme absurde surtout quand on sait tout ce qu'il a fait pour promouvoir les rapports France-Québec. Il écrit à Normand Lester: «Votre mise en cause de ma loyauté envers le Québec est démentie par toute mon action des années durant, comme sous-ministre, homme politique et militant.» Ce avec quoi je suis d'accord. Cette action est décrite et confirmée par des auteurs sérieux comme l'historien Jean Décary («Dans l'oeil du sphinx, Claude Morin et les relations internationales du Québec», 2005) et l'ancien ambassadeur canadien Gilles Duguay («Le triangle Québec-Ottawa-Paris», 2010).

Les rencontres de Claude Morin avec des agents de la GRC se situent de 1974 à 1977, alors que Morin était un des principaux stratèges du PQ. Selon lui, les conversations portaient essentiellement sur les possibilités d'infiltration du PQ par des éléments étrangers, pas sur des révélations relatives à la vie interne du parti. Dans un texte intitulé : «Moi, Claude Morin, informateur de la GRC», l'ex-ministre donne sa version de l'affaire, allant jusqu'à affirmer que c'est lui «qui tirait les vers du nez» de ses interlocuteurs. Selon Morin : «..l'accession d'un peuple à la souveraineté ne se réalise pas en vase clos et ne relève pas de la magie, mais dépend d'un rapport de forces politiques où, parmi d'autres facteurs, la connaissance des manoeuvres adverses joue un rôle essentiel. Il serait irresponsable de ne pas essayer de les voir venir.»

Même si on accepte ses explications et même si on ne doute pas de ses intentions et de sa bonne foi, il est difficile de porter un jugement objectif sur des activités qui se situent dans le monde trouble de Talleyrand-Fouché. Sans que l'on sache avec exactitude tout ce qui s'est dit lors de ces rencontres avec des agents de la GRC, ce qui est certain c'est que Claude Morin s'est rendu vulnérable, a rendu son gouvernement vulnérable, a rendu les indépendantistes vulnérables et a donné aux adversaires fédéraux à Ottawa avec Pierre Elliot Trudeau en tête l'occasion de faire du chantage. Dans cette affaire, les agents de la GRC ont joué un rôle politique : le gouvernement Trudeau savait que Claude Morin rencontrait la GRC. On peut légitimement se demander si les inconvénients ne dépassaient pas les avantages (si avantages il y avait, ce qui n'est pas prouvé).

Pendant cette campagne électorale fédérale, il ne faut pas oublier la GRC et le rôle politique qu'elle essaiera peut-être de jouer si PKP monte dans l'opinion publique québécoise. Quand l'unité nationale est menacée, les tentations d'interventions déstabilisantes sont là... Il y a de quoi s'interroger quand on sait que lors du récent débat des chefs, l'actuel premier ministre du Canada Stephen Harper a dit qu'il n'acceptait pas que 50% plus un soit suffisant pour réaliser l'indépendance du Québec parce que les séparatistes vont annuler des votes valides pour le NON. Ça prend du culot pour accuser par avance les indépendantistes de tricher quand on sait ce que les forces du NON ont fait d'illégal en 1995 dans le financement, entre autres, ce qui a justifié le titre du livre de Robin Philpot: "Le référendum volé": le tricheurs se trouvaient dans le camp du NON. Sans parler de certaines tactiques illégales utilisées par des conservateurs lors des dernières élections fédérales.

Sur ce sujet du rôle politique de la police, les récentes perquisitions de membres de l'UPAC (Unité permanente anti-corruption) pour trouver des preuves du financement illégal du Parti de Gérald Tremblay, Union Montréal, nous rappellent que la commission Charbonneau a des suites. Selon La Presse et Radio-Canada, l'ancien maire de Montréal a toujours juré qu'il n'était pas au courant. Mais voilà que la police dit détenir des preuves établissant que l'homme politique Gérald Tremblay était bien au fait du système de corruption qui gangrenait sa ville. La police joue ici un rôle politique évident: elle est le bras de la justice. Il faut lire le document de 22 pages rendu public par La Presse pour justifier les perquisitions. D'habitude ce genre de document soumis à un juge reste confidentiel. (Voir Vincent Larouche, La Presse, 08 août 2015: "Corruption: Gérald Tremblay savait et a participé au système, selon l'UPAC")

La Commission "Charest-Charbonneau" a invité tous les citoyens qui avaient de l'information à communiquer avec des enquêteurs détachés par la Sûreté du Québec sur la corruption de notre système politique. Certains sont entrés en contact avec la commission pour dénoncer la méthode illégale de financement des partis politiques par les prête-noms qui conduit à de la fraude fiscale puisque les faux-donateurs obtenaient des déductions d'impôt.

Comme on devait l'apprendre lors de l'interrogatoire de certains témoins, la Commission Charbonneau savait parfaitement que l'usage des prête-noms était pratique courante dans le financement des partis politiques.

En conclusion, depuis le commencement de la campagne contre la corruption et la collusion dans l'industrie de la construction où l'ancien chef de police Jacques Duchesneau, ex-caquiste, a joué un rôle capital, avec la création de l'UPAC (Unité permanente anti-corruption), on constate l'importance politique d'une police qui interroge des hommes et femmes politiques et fait des perquisitions pour saisir des documents. On pourrait souhaiter que l'UPAC ne se limite pas au niveau municipal.

Des gens qui aspirent à jouer un rôle politique quel qu'il soit entrent en contact avec la police et deviennent parfois ce qu'il faut bien appeler des informateurs de police.

Dans cette perspective, Claude Morin et l'action de l'UPAC. à des niveaux différents et dans des circonstances différentes, sont des exemples qui peuvent nourrir une réflexion sur le rôle de la police dans notre démocratie.

Quand Alain Gravel, (Radio-Canada a joué un rôle politique) moins d'une semaine avant le jour du vote du 7 avril 2014, a accusé Claude Blanchet d'avoir accepté 25,000$ d'un bureau d'ingénieur pour financer la campagne à la chefferie de sa femme (campagne qui n'a pas eu lieu car elle était seule candidate…), après avoir constaté le caractère prophétique de la prévision qui a été faite par des adversaires de la chef du Parti québécois à savoir que Claude Blanchet nuirait un jour à Pauline Marois (rappelons-nous le «deal» de Claude Blanchet avec le Fonds de solidarité), on s'est demandé quelles étaient les sources d'Alain Gravel.

Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil, dimanche 09 août 2015
barberis@videotron.ca

(allusion: "Vigile…dans la fosse à purin" sur la maison de l'île Bizard)

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